06 - La poursuite du voyage aux iles sous le vent
- Jo et Jo

- 16 janv. 2020
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 févr. 2020

Après la grande traversée de Moorea vers Huahine, il était beaucoup plus simple et plus court de se rendre à Tahaa, l’ile voisine partageant au nord son lagon avec Raiatea. Elle est appelée « l’ile vanille » car on y cultive cette liane si particulière qui constitue l’or noir de la Polynésie.
Les trois autres « spécialités » de l’ile sont la culture de la canne à sucre avec ses rhumeries, la culture du coprah (fibres de noix de coco) ainsi que la culture de la perle de Tahiti.

En quittant Huahine, nous avons croisé un catamaran original, véritable petite maison flottante et naviguant dans le lagon où vit en permanence une famille polynésienne (Teae, Teikiqui et leurs enfants) qui a fait récemment les honneurs d’un reportage de France O. Cette étrange habitation possède une chambre qui peut être louée par Air BnB...

Nous avons trouvé un mouillage très abrité dans la baie d’Apu sur un corps-mort, en face d’une ferme perlière que nous avons à visité.
Tout ce qui concerne le greffage des huitres par des nucléus, petites billes de corail jusqu’à la fabrication des colliers et bijoux n’a désormais plus de secret pour nous.

La perle de Tahiti est très appréciée et reçoit sa couleur de la nacre propre à chaque huitre receveuse, contrairement aux perles chinoises, blanches. Les plus recherchées sont aubergines, vertes ou arc-en-ciel.
La nature fait le reste et produit des perles de différentes formes, avec ou sans petits défauts. La ronde est rare, parfaitement sphérique et ne possède aucune imperfection, mais les plus courantes possèdent des défauts de forme ou de lustre.
Il faut 4 ans pour qu'une huitre fabrique sa première perle, forcement petite. Ensuite, on y introduit des nucléus de plus en plus gros, et ce jusqu'à 6 fois. Mais seule une huitre sur deux réussit son greffon.
Le prix est naturellement à la hauteur de la grosseur et de la qualité de la perle.
Nous avons ensuite fait la connaissance de Tama, notre guide pour une partie de la journée, pour visiter l’ile avec son pick-up. Présentation de cette ile de 5000 habitants, de ses coutumes, de ses spécialités avec arrêts aux points importants. Avec en prime des paysages et panoramas à couper le souffle sous un soleil magnifique.
La vanille est une plante délicate qu’il faut fertiliser à la main, aucune abeille ou oiseau mouche ne venant accomplir cette action fondatrice. Les exploitations en recherche de rentabilité font pousser les plants de vanille dans des serres à l’abri des oiseaux qui en abimeraient les gousses.
Mais c’est dans une exploitation traditionnelle que nous avons pu recevoir toutes les explications sur le développement de cette plante et surtout toutes les manières de la préparer, la cuisiner, la conserver. Superbe accueil pour nous seuls, présentation à l’ombre d’un immense pamplemoussier et petite incursion dans la forêt à la recherche de la liane magique, copieusement enduits de monoï pour écarter les moustiques… et verre de bienvenue accompagné de fruits…
Nous avons ensuite continué vers une rhumerie, Mana’O.
Encore une belle rencontre avec Anaïs et Sébastien, jeunes français ayant commencé dans le vin de corail de Tahiti à Rangiroa aux Tuamotu et qui se sont lancés voici 4 ans dans la culture de la canne à sucre et la distillation en rhum blanc et ambré. Leur rhum est parfumé, délicieux et titre 50 °. Il vient d’être récompensé d’une médaille au guide mondial des rhums.
Compte tenu des délais de navigation et l’impératif de rentrer sur Tahiti vers le 13 ou 14 janvier, nous n’avons pas poussé jusqu’à Bora Bora et nous avons pris le chemin de Raiatea où se trouve Uturoa, la deuxième grande ville de Polynésie après Papeete. En fait un gros village où l’on ne trouve pas grand-chose. La marina étant pleine, nous avons accosté sur le quai de la darse des pêcheurs.
Cette escale a permis de refaire le plein de nourriture et d’essence pour la suite du voyage. Le soir, Christiane et Jean-Louis nous offraient le restaurant chinois (tous les commerces appartiennent pratiquement aux chinois en Polynésie). Plats délicieux et ambiance sympathique.
A la table voisine, Tinguy, un petit polynésien de 9 ans fêtait son anniversaire. Il nous a très gentiment offert 4 grosses parts de son gâteau. On n’en finit pas de découvrir l’extraordinaire gentillesse des personnes d’ici. Mais il est vrai qu’ils n’ont pas de privilèges et d’acquis sociaux à défendre. Ce qu’ils ont, ils le partagent et ils vous remercient de l’accepter. Surréaliste quand on vient de quitter un pays déchiré par la haine et la jalousie…
Notre périple s’est poursuivi le lendemain en descendant au sud de Raiatea par le lagon, près des Marae (temples sacrés des polynésiens avant la colonisation), dont le «Taputapuatea» le plus mythique et emblématique, berceau fondateur des lignées de rois et de prêtres, lieu cultuel sacré, cérémoniel et politique.
L’approche avec Jo & Jo ne fut pas aisée, la première baie choisie nous poussant par une houle de sud-ouest et une profondeur passant subitement de 23 mètres à 1,50 mètre, au bord d’une bouée que nous avions pris pour un corps-mort pour s’amarrer. C’est tout doucement que nous sommes venus nous échouer sur des coraux, la houle bloquant le bateau. Petit repérage des fonds avec palmes et masque : rien de grave. La houle faiblissant, une forte impulsion des moteurs en arrière finit par décoller le catamaran du corail et nous pûmes reprendre la route jusqu’à la baie suivante où là existaient de vraies bouées accrochées à 30 mètres de fond, dans un endroit enchanteur.
Sortie en annexe pour visiter le site des marae. Le lieu est sacré. Il y règne une ambiance particulière de sérénité et de spiritualité. Ici, cela s’appelle le « mana » (l’esprit, la puissance). Le site a été classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2017.
Après cette halte spirituelle (au passage, un des employés du marae terminant son travail a décroché pour nous 3 belles mangues et nous les a offertes), retour au bateau pour préparer la navigation du lendemain.
Refaire la traversée, mais dans l’autre sens, impossible en partant à l’aube d’arriver avant la tombée de la nuit à Moorea. Nous optons pour une petite ile à l’ouest de Moorea, limitant la navigation d’un tiers de la distance. Cà doit marcher normalement compte tenu des fichiers téléchargés le soir sur la tablette. Remonter au vent est toujours plus long.
Maiao est une ile sauvage, peu développée et ne souhaitant pas de touristes. Nous n’y séjournerons que pour la nuit et les cartes indiquent une darse de 60 mètres se terminant par un embarcadère de 24 mètres. Pourvu qu’il y ait de la place pour nous ! La mer est agitée et la navigation est longue et peu confortable. Mais c’est le lot des traversées…
A l’arrivée, on déchante rapidement. Certes, il y a de la place mais le lieu est plutôt hostile, pas entretenu et une houle se déverse dans la passe jusqu’à l’embarcadère. Ca va taper fort, c'est certain ! Pas de plan B, c’est le seul lieu à peu près abrité à 50 miles à la ronde… On s’amarre au quai, pas prévu pour notre catamaran, en bardant le côté babord de tous les pare-battages à disposition. La nuit sera difficile et anxiogène. Les pare-battages protègeront en grinçant notre vaillant Jo & Jo qui y laissera deux amarres au champ d’honneur, rongées par les frottements incessants contre les taquets rouillés du port. De plus, les rares autochtones, parlant à peine le français, ont bien profité du spectacle de notre « mise en sécurité » et nous ont annoncé que nous devions partir vers 5 heures du matin, car un petit cargo navette venait pour chercher les enfants en vacances depuis un mois pour les ramener vers leurs pensions à Moorea et Papeete. Il n’y a pas d’enfants en âge scolaire sur cette ile la plupart de l’année.
Nous quittons cet endroit. Il fait à peine jour. Fatigués mais heureux d’avoir pu sortir de ce lieu que nous avons définitivement rayé de notre carte. Direction Moorea où la vie y est plus paisible et accueillante…
Retour en baie d’Opanohu, mouillage par 3 mètres sous le bateau, dans une eau cristalline. De nombreux poissons sont venus nous rendre visite, très facilement visibles depuis le pont du catamaran, avec quelques récifs de corail à quelques dizaines de mètres et un défilé de poissons multicolores. Une raie et un petit requin de récif à pointe noire sont même venus saluer Jo & Jo dans cette eau si transparente.
Le dernier soir à Moorea, retour au Hilton pour profiter de l’offre de cocktails « happy hour » en terrasse tandis qu’un jeune couple célébrait sa lune de miel par un diner sur la plage. Après le repas, retour à l’annexe puis au bateau en pleine nuit, éclairés de nos lampes frontales. Il n’était que 21h30 mais le lagon était déjà endormi… Le lendemain, nous allions regagner Tahiti et Papeete, fermant une boucle de 2 semaines.
L’avant dernier soir à Papeete, nous sommes sortis prendre une glace au Bora Bora, un lieu branché quoique désert où se jouait un karaoké. L’occasion de partager le micro avec des habitués bien sympathiques, avec l’ambiance débridée des serveurs transgenres, les fameux « rérés », véritables institutions en Polynésie.
Le dernier jour, nos pas nous ont menés vers l'auteur qui a fait rêver des millions de personnes depuis près d’un siècle en sacralisant le mythe de la vahiné et de la douceur de vivre à Tahiti : James Norman Hall, l’auteur de « La mutinerie de la Bounty », inspiré d’un fait réel de 1789. Sa maison de type colonial a été reconstituée à l’identique avec les meubles d’époque qu’il avait lui-même dessinés.
Des 3 films inspirés de son œuvre, on connait surtout les deux derniers, celui avec Marlon Brando et Richard Harris en 1962 et celui avec Mel Gibson et Antony Hopkins en 1984.
Marlon Brando, au faîte de sa gloire, tomba amoureux de Tahiti et surtout de sa partenaire, Tarita, avec laquelle il se maria. Il acheta l’ile de Tetiaroa, au nord de Tahiti, qui abrite désormais un hôtel de luxe appelé… le Brando !
Ce sera une de nos prochaines destinations aux abords de cet endroit de rêve.
Le dernier soir au bateau, un apéritif dinatoire avec Sylvain et Nathalie, voisins de la marina et témoins de baptême de Jo & Jo, fut l’occasion d’une nouvelle cérémonie traditionnelle : l’offrande d’un collier de coquillages pour le départ de nos amis.
Ils arboraient ce collier le lendemain matin sur le quai pour aller prendre l’avion et rentrer en métropole, au bout de 3 semaines de parenthèse tropicale, à naviguer dans l’archipel de la Société…
Ce périple nous fait franchir X miles et plus de 50 heures de navigation et visiter (rapidement) 6 iles. Il faudra y revenir, seuls ou avec d'autres amis, tant il y a de choses à découvrir encore...












































































Super nous sommes ravis de voir que vous êtes aussi heureux sur Jo&Jo ex Alaia et en Polynesie que nous l avons été. Profitez.. Nous retrouvons les plaisirs du Pays Basques. Merci pour vos jolis récits. Continuez. Myriam et Alain.