67 - Noémie 2161 - ou Vivre après l'apocalypse.
- Jo et Jo

- 16 nov. 2024
- 4 min de lecture
Après une phase d'introspection (Sinon, je change d'instant), de recherche généalogique (La généalogie des Jault), de romans historiques tirés de mes voyages en Polynésie (Titouan, un retour aux origines) ou en Egypte (Aïda, la princesse d'Assouan), il m'est venu l'idée de me tourner vers le futur, inspiré par le bouleversement du monde, l'avènement de l'Intelligence artificielle, les progrès de la science et de la médecine, la course aux armements nucléaires, la conquête de Mars...) pour écrire un roman dystopique se projetant dans un futur assez éloigné mais dont nous commençons déjà à deviner le contour.
Ce nouveau roman s'appelle "Noémie 2161, ou Vivre après l'apocalypse", dans lequel je place ma petite-fille de 3 ans, alors âgée de 140 ans, survivante éclairée et lucide dans un univers dominé par les robots et un nouvel ordre mondial totalitaire.

Ce roman explore les conséquences d'un bouleversement fatal de l'humanité et de la vacuité de l'espèce humaine dont nous mesurons déjà les renoncements, l'individualisme forcené et le manque de courage. Il débouche malgré tout sur une lueur d'espoir, grâce à quelques consciences supérieures qui iront essaimé la vie sur d'autres planètes, après avoir épuisé la Terre nourricière...

Embarquez pour un voyage dans le futur, dans ce roman d'anticipation de 200 pages, que les premiers lecteurs ont décrit comme un récit visionnaire. Il est, comme les autres ouvrages, publié en autoédition mais distribué dans une quinzaine d'enseignes, en plus de l'éditeur originel BOD (Books On Demand).

En voici les premières lignes :
Valparaiso, en l’an l81 de l’ère de l’Omega (Correspond à l’année 2061 après J.C de l’ancien calendrier grégorien. Le calendrier de l’Omega, symbolisé par la lettre grecque lamba (l), débute le 1er janvier 2080).
En ce 16 septembre, Noémie se réveille en douceur, allongée dans son caisson sensoriel, bercée par l’agréable mélodie de sa musique préférée. Ce qu’elle « entend » à cet instant ne transite pas par ses tympans. Le son qui l’envahit se diffuse directement sur les noyaux cochléaires de son cortex auditif, grâce aux prothèses électroniques implantées dans son lobe temporal.
Sa nuit a été bonne, agrémentée de rêves datant du temps d’avant, celui de sa jeunesse. Sa très lointaine jeunesse… Mais comment définir ce vert printemps de l’existence quand on est née en 2021 après J.C (-59 avant l) et qu’on fête en ce jour précis ses 140 ans ?
Buddy, son robot domestique humanoïde, est déjà à son chevet. Il l’accueille avec une humeur toujours égale, empreinte de déférence.
Que ferait-elle sans lui ? Il est son principal compagnon depuis tant d’années. Fidèle et intime alter ego composé de résine, d’aluminium et de silicium, il connait tout de la vie de celle dont il a la charge exclusive. Connecté en permanence à la partie du cerveau dévolue aux besoins vitaux de sa maîtresse, il sait mieux que personne devancer ses moindres désirs.
Pour l’heure, Noémie doit se lever. Elle n’éprouve aucune difficulté à retrouver la station debout. Son corps de vieille dame, bien que marqué par le poids des ans, avec sa peau plus ridée et moins tonique, reste parfaitement fonctionnel pour accomplir ses mouvements quotidiens, assisté d’un dispositif de diagnostic permanent également implanté sous son épiderme.
Tension artérielle, rythme cardiaque, température, qualité du sommeil, de la digestion, des défenses immunitaires, tout est monitoré par l’ordinateur cybernétique personnel implanté dans ses entrailles, qui ajuste automatiquement par de légères injections le traitement thérapeutique adéquat dès la moindre suspicion de défaillance d’un de ses organes vitaux.
Sa longévité n’a rien d’extraordinaire en ce milieu du XXIIème siècle où bon nombre de ses concitoyennes atteignent plus de 150 ans, dépassant la limite physiologique de l’être humain, longtemps jugée infranchissable. Cette longue vie n’est cependant possible que par le recours aux cellules souches et aux nanorobots internes.
La population mondiale, celle qui avait échappé au terrible holocauste de l’année zéro du calendrier l de l’Omega (2080 après J.C), avait bénéficié pour cela des considérables progrès de la science.
Cet apanage de longévité était encore plus prégnant pour les rares privilégiés qui en avaient été jugés dignes par l’Omega, le grand ordonnateur de l’Organisation, organisme mondial qui régissait toute vie sur Terre. A partir de 140 ans, ancienneté appréciable que Noémie venait d’embrasser, l’Omega avait à cœur de célébrer et de mettre en vedette les aînés lors d’un jubilé solennel auquel il n’était pas possible de se soustraire. Cette résonance sociale artificielle et surannée servait les desseins de l’Organisation auprès de la masse des êtres humains en quête d’immortalité.
Malgré son âge très avancé, la descendance de la matriarche n’était pas très étendue, par l’effet d’une dénatalité mondiale continue depuis plus de deux siècles. Le temps où les hommes naissaient hommes, les femmes naissaient femmes, les deux s’accouplant physiquement pour perpétuer l’espèce et créer ce qu’il était convenu d’appeler une famille, avec plusieurs enfants à élever jusqu’à l’âge adulte, semblait relever du Moyen-Age.
Ces pratiques primitives d’un autre temps, qui laissaient trop de place à la nature et au hasard, n’avaient plus cours depuis longtemps. Dans la société de l’année l81, le renouvellement de l’espèce était exclusivement une affaire de planification générale encadrée, procédant d'une sélection prédéfinie visant à sélectionner scrupuleusement le patrimoine génétique des générations futures. Si le terme d’eugénisme n’était pas directement cité, car trop connoté des heures sombres de l’Histoire de l’humanité, il n’en demeurait pas moins que c’était bien le modèle retenu pour purifier la race humaine et ne donner vie qu’aux individus appelés à servir les desseins supérieurs de l’humanité.
Noémie se remémorait parfois, avec nostalgie, l’époque antédiluvienne de ses premiers émois d’adolescente et des encore partenaires biologiques qui avaient jalonné sa vie amoureuse durant les quarante premières années de sa vie. Ces souvenirs heureux adressaient un autre temps à jamais disparu. Une forme de providence relevait alors de ressorts mystérieux qui laissaient place à la surprise, à la séduction, à l’aventure et au libre-arbitre de chacun.
Dans ces temps reculés, elle avait porté un bébé directement dans son ventre, lorsque l’organisme suprême de régulation des naissances avait exigé qu’elle devienne mère à l’âge de trente ans. Il fallait alors absolument enrayer l’inexorable déclin de la natalité dans la confédération de l’Eurasie, aujourd’hui disparue. Son excellent niveau social et la reconnaissance de son apport scientifique à la société avaient limité sa contribution gestatrice à un seul enfant, par insémination à partir de cellules d’un géniteur strictement sélectionné pour ses qualités physiques, psychiques et intellectuelles.



Commentaires