57 - Le livre d'Or de Jo&Jo

Le 10 décembre 2019, nous arrivions à Papeete, laissant derrière nous la métropole hivernale pour une température tropicale des plus agréables.

Nous y découvrions notre acquisition, un beau catamaran du nom de Alaïa que nous allions très vite rebaptiser « Jo&Jo », en référence à nos deux garçons, Jonathan et Jonathan, comme une manière de les emporter un peu avec nous au bout du monde.

Dès le 25 décembre, jour de Noël, nos amis Christiane et Jean-Louis nous rejoignaient pour passer 3 semaines avec nous et essuyer les plâtres de nos premières navigations.

Le 28 avait lieu la cérémonie du baptême de Jo&Jo, Jean-Louis officiant dans le rôle de narrateur du discours et sa femme Christiane dans le rôle de marraine avec, selon la tradition, la responsabilité de verser une bouteille de champagne sur la proue du catamaran.

Sylvain et Natalie, nos voisins de ponton sur leur Lagoon 420 Thétis, étaient invités en tant que témoins du baptême.

Pour l’occasion, Nathalie nous offrait un livre d’or que chaque visiteur pour un séjour plus ou moins long viendra enrichir de commentaires drôles, sympathiques et émouvants.

Discours de baptême de Jo&Jo :

A l’heure où se ferme ce livre d’or, voici l’occasion de repasser en mémoire ces visites de familles et d’amis, et de fermer par la même occasion l’aventure de Jo&Jo.

Message de Nathalie et Sylvain, suivi de celui de Christiane et Jean-Louis :

Nos premières navigations nous ont mené dans les îles du vent et les îles sous le vent jusqu’à ce que la première vague du Covid19 nous cloue quelques mois à Huahine.

Nous resterons ainsi à 3 bateaux au mouillage, en attendant l’ouverture des frontières et se recevant de temps en temps pour partager un apéritif, des jeux ou un repas.

Parmi eux, le catamaran Galawa II de Anne et Philippe.

La baie d’Avea au sud de Huahine était aussi le lieu qu’avaient choisi Fabienne et Jean-Christophe pour faire construire leur maison en bord de lagon. Ils étaient les amis des anciens propriétaires du bateau, Alain et Myriam, et le premier contact en a été grandement facilité.

Jean-Christophe, qui avait appris le goût du capitaine pour les bons mots, les rimes et sa lecture du moment, le Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, avait publié son témoignage en alexandrins.

Ce à quoi nous avions répondu dans le même style :

Durant ce même confinement, nos amis Els et Jean-Christophe, sur leur voilier Aquarius, avaient partagé quelques soirées sur l’un des trois bateaux de la baie. Nous les croiserons par la suite plusieurs fois à Papeete et aux Tuamotu.

Ils nous ont transmis leurs fichiers contenant des centaines de films et de séries qui feront les beaux soirs sur Jo&Jo.

Dans le même secteur de la baie d’Avea, les plus proches voisins de Fabienne et de Jean-Christophe, Cathy et Pierre-Charles, font construire leur maison.

Pierre-Charles est le cousin de Myriam, l’ancienne propriétaire de Jo&Jo et le couple connait déjà bien le catamaran pour y avoir séjourné deux ans plus tôt aux Tuamotu.

Ils vivent en attendant de s’installer sur Clémentine, un petit voilier orange ancré devant leur terrain. Leur goût artistique affûté fera de leur fare une maison originale dont une partie deviendra une chambre d’hôtes de charme. Ils proposeront avec succès de multiples activités de soins, de danses et de sport.

Pendant le confinement, toutes nos relations ne sont pas sur des bateaux. Daniel et Francine qui passaient leurs vacances chez Tara, un restaurant local réputé pour son four tahitien du dimanche matin et faisant également chambre d’hôtes dans la baie d’Avea, viennent souvent nous rendre visite à la nage ou en canoé, nous apportant régulièrement des mangues ou des régimes de bananes.

Anciens marins comme nous, ils avaient passé quelques années en Polynésie sur un catamaran avant de rentrer en France, troquant la vie d’errance sur la mer par celle d’un camping-car dans le sud de l’Europe.

Enfin, pour clore la séquence du confinement, nous avons, grâce à Fabienne et Jean-Christophe, pu faire la connaissance d’un couple de polynésiens, Coro et Vaiana.

Nous avons partagé quelques soirées et avons eu le privilège d’être invités chez eux et même d’aller pêcher en mer sur un bateau de pêche traditionnel spécifique de la Polynésie le fameux mahi-mahi ou daurade coryphène.

Le petit mot laissé dans le livre d’or aura même une partie écrite en tahitien.

En juillet 2020, Stéphane et Sylvie nous rendaient visite à leur tour et venaient passer 3 semaines. Nous avons navigué avec eux sur Moorea, Huahine, Taha, Bora-Bora...

Ils découvriront le plaisir de la rame, à la suite d’une panne du moteur de l'annexe en début de séjour à Moorea. Mais en bons sportifs qu’ils sont, ils feront jouer les biceps à chaque mouillage et ce petit désagrément n’aura finalement pas d’incidence sur la qualité de leur séjour.

Pour différencier les deux Sylvie, l’une ayant un an de plus que l’autre, nous avons adopté le langage polynésien avec Sylvie Nui (la grande) et Sylvie Iti (la petite).

En octobre, c’était au tour de Patrick et Martine de nous rendre visite, rejoignant Madeleine, la maman de Jacky, arrivée 15 jours plus tôt. Les nouvelles du front du Covid et les quarantaines mises en place nous ont forcé à prolonger en anticipation le séjour prévu pour que les vacances aient une chance de se dérouler sur quelques semaines complètes sans être amputées par des mesures de stagnation à Tahiti.

Au final, aucune restriction n’est venue troubler le séjour et ce furent un mois et demi passés à arpenter tranquillement l’archipel de la Société.

Pour Madeleine, la maman de Jacky, c’était aussi « le voyage d’une vie » … à 82 ans !

Même pas peur ! Et toutes les activités ont été réalisées sans problème, que ce soient les navigations, les montées et descentes dans l’annexe pour rejoindre la terre, la vie sur le bateau.

Lors de notre premier passage aux Tuamotu, nous avions rencontré une famille vivant à Papeete qui venait comme Sylvie profiter du lieu pour effectuer un stage de plongée dans l’île de Tikehau, proche de Rangiroa.

Nous les avons retrouvés plusieurs fois par la suite, Sandie travaillant chez Optic 2000 au centre de Papeete et Jean-François dans une entreprise de diffusion publicitaire. Un peu plus d’un an à se fréquenter à chacun de nos passages à Tahiti avant qu’ils ne décident de poursuivre l’aventure au Canada cet été.

Aux Marquises cette fois-ci, nous allions au-devant d’amis des anciens propriétaires de notre bateau. Ils vivent dans une baie au nord de Nuku Hiva, habitant sur leur voilier la nuit avec leurs deux enfants et travaillant le jour, elle comme kinésithérapeute dans le village voisin et lui dans une petite entreprise artisanale de délicieux sirops et confitures aux citrons verts des Marquises qu’il a créée.

Les Marquises ont justement été l’occasion de faire la connaissance de Jessica, installée à Tahiti depuis un peu plus d’un an et qui avait envie de faire un break pour se rendre dans l’archipel en bateau. Bien qu’inexpérimentée, elle avait posté une fiche sur une site d’équipiers pour des navigations au long cours. Son profil nous avait plu.

Elle passera 3 mois avec nous pour cette aventure qui se concrétisera par une solide amitié transgénérationnelle et nous fera dire que nous avons trouvé en elle une fille fa’a’amu, selon la tradition d’adoption plus ou moins formelle en usage en Polynésie.

Toujours aux Marquises, nous avons croisé, au gré de nos mouillages, un vacancier qui avait décidé de visiter la Polynésie en tant qu’équipier d’un bateau.

C’est ainsi qu’on a fait la connaissance de Lakdhar, que nous retrouverons à Papeete à notre retour et qui nous accompagnera jusqu’à Huahine.

Dans le voisinage des pontons, il y a aussi parfois des atomes crochus qui passent plus que d’autres.

Ce fut le cas avec Laurent, un skipper qui propose des croisières de luxe sur son grand catamaran de 18 mètres et sa compagne Laurence, ostéopathe de son métier et accompagnatrice des croisières à l’occasion. Nous passerons de nombreuses soirées à faire des jeux ensemble.

En juillet, c’était au tour de Pascal, le frère de Jacky et sa femme Bernadette de venir passer 3 semaines de découverte de notre univers.

De retour à Tahiti, nous resterons 3 mois au mouillage devant l’aéroport, parmi une trentaine d’autres bateaux ancrés dans le lagon, immobilisés pour cause de nouvelle vague de Covid et de restrictions de déplacements.

Nous y ferons la connaissance d’un jeune couple du sud de la France, Stéphane et Manue, venu passer 3 mois de lune de miel en louant un catamaran identique au nôtre et qui sera mouillé à quelques dizaines de mètres de nous.

Enfin, nos derniers visiteurs seront les acheteurs potentiels du bateau, dont l’annonce a été déposée le 13 octobre et qui a immédiatement trouvé des personnes intéressées un peu partout sur la planète.

Ce sera de haute lutte que Philippe et Michèle finiront par l’emporter, se déplaçant spécialement depuis la réunion pour acquérir le catamaran de leurs rêves.

Ce livre d’or n’est pas pour autant exhaustif des visites qu’a reçues Jo&Jo pendant deux ans.

On peut citer Jean-Robert et Corinne, les propriétaires des Relais de Joséphine à Rangiroa, avec qui nous avions sympathisé et qui sont venus prendre un verre sur le bateau.

Il y eut aussi Colette, la responsable de l’office du tourisme de Nuku Hiva aux Marquises qui est venue partager un repas avec son fils.

Nous n’oublions pas Vincent, jeune routard qui faisait lui aussi équipier et que nous avons convoyé de Fatu Hiva à Tahuata, ni Marion, professeur de danse contemporaine à Papeete et meilleure amie de Jessica, qui a fait également les honneurs de Jo&Jo.

Enfin, nous avions croisé Joan et Marie-Laure aux Marquises et nous les avons retrouvés à Papeete. Joan est skipper pour une compagnie de charters et Marie-Laure infirmière à l’hôpital de Papeete.

Encore une belle rencontre…

Toutes ces rencontres ont écrit l’histoire de Jo&Jo et nous relirons avec émotion et nostalgie ces moments de grâce qui ont émaillé deux années de vie à l’autre bout de la Terre, dans un contexte relativement préservé des fureurs de la pandémie mondiale.

Et puis, il a aussi les nombreux messages qui faisaient suite à chaque envoi de blog. Certains se sont intéressés aux vidéos de la faune marine, d’autres aux aspects historiques, d’autres enfin à la qualité de nos rencontres et de nos émotions.

Voici que se ferme la dernière page du livre d’or et de l’aventure de Jo&Jo en Polynésie.

Pour reprendre les mots d’Anny, qui se reconnaitra :

« L'aventure aura été merveilleuse...

Les souvenirs sont et seront éternels. Merci pour tous les partages avec le blog. Ce moment de vie est et sera à jamais gravé dans vos mémoires

et vous aura aidé à voir avec des yeux grands ouverts,

la vie, les autres avec leurs différences et leurs cœurs... »