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56 – La fin de l’aventure

  • Photo du rédacteur: Jo et Jo
    Jo et Jo
  • 27 nov. 2021
  • 8 min de lecture

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Depuis les deux derniers numéros du blog, nous avons indiqué que nous ne bougions plus depuis 3 mois et que nous remettions Jo&Jo en bonne configuration, de gréement notamment.


Il était évident que nous avions une idée derrière la tête.


En effet, nous avons pas mal navigué depuis deux ans dans les archipels de la Société, des Tuamotu et des Marquises au point de bien les connaitre et de tourner un peu en rond.

A cela s’ajoute que le bateau est encore sous le régime de l’admission temporaire en Polynésie jusqu’à début octobre 2022. Ensuite, il faut quitter le territoire pour au moins 6 mois ou payer une taxe douanière de 8 % de la valeur du bateau. De plus, les frontières vers les iles Cook, Nouvelle Zélande, Nouvelle Calédonie ou Australie sont fermées ou très difficilement accessibles pour cause de pandémie qui n’en finit pas et se renouvelle en vagues successives.


On peut ajouter que Sylvie ne souhaite plus faire de longues navigations comme cela a été le cas jusqu’aux Marquises au début de l’année.


Tout cela nous a interrogé pour finalement décider de mettre Jo&Jo en vente.

Par ces temps incertains, il n’est pas facile de savoir si cela va se faire vite, lentement ou pas du tout. Et nous n’étions pas particulièrement pressés.


Nous nous sommes décidés vers la mi-octobre en publiant une annonce agrémentée de photos sur un site de vente par internet. Le début de l’annonce était libellé ainsi :

« Nous avons acquis notre catamaran voici deux ans, à Papeete, pour nos premières années de retraités. Il nous a accompagné fidèlement chaque jour pour visiter les archipels de la Société, des Tuamotu et des Marquises. Nous en avons fait le tour et nous allons tourner une nouvelle page de notre vie. Notre voyage se termine, à vous de commencer le vôtre... »

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Nous avons eu immédiatement des touches, dont deux sérieuses parmi 23 contacts du monde entier.


Parmi elles, un couple de Huahine qui recherchait exactement ce modèle de catamaran et avait mis une veille sur les sites spécialisés. Il est venu visiter le bateau mais n’a pu se décider à engager un compromis de vente dans l’attente d’un déblocage de fonds.


Les seconds prospects sur la liste étaient un couple de La Réunion nouvellement retraité qui est venu spécialement pour acquérir le bateau. Leur forte motivation a pesé au vu des données transmises et nous les avons fait passer en priorité afin qu’ils puissent prendre leur billet d’avion à coup sûr et venir voir Jo&Jo.


Habitant Bras-Panon, à l’est de l’île de la Réunion, au pied du piton des neiges qui culmine à 3000 mètres, ils ont décidé de poursuivre leur aventure d’outre-mer en Polynésie, après avoir connu la Nouvelle-Calédonie, en particulier Ouvéa et son lagon magnifique, lieu également chargé d’histoire pour la culture Kanak.


Pour mémoire, en 1988, des gendarmes étaient retenus en otages dans la grotte d’Ouvea, et l’assaut donné pour les libérer avait provoqué un drame avec la mort d’une vingtaine de personnes. Cet événement pèse encore lourd aujourd’hui dans la démarche d’indépendance engagée en Nouvelle Calédonie.


Philippe et Michèle sont des passionnés de pêche et de plongée et s’ils ont déjà possédé des bateaux par le passé, c’est leur premier catamaran.


33 heures de voyage depuis La Réunion pour rejoindre Paris, puis Paris jusqu’à Papeete en passant par Vancouver. Ils viennent pour un mois afin de finaliser l’achat, puis retourner à La Réunion avant de revenir fin janvier pour s’établir définitivement.


Il faut une sacrée dose de motivation pour entreprendre un tel voyage, avec au final 14 heures de décalage horaire.

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Nous les récupérons à peu près en forme à l’aéroport de Faa’a le 4 novembre au matin, avec le traditionnel collier de fleurs en guise de maeva - bienvenue - avant de les emmener prendre un petit déjeuner découverte sur Jo&Jo.

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« La première impression est souvent la bonne, surtout si elle est mauvaise » dit la sagesse populaire.


En l’occurrence, elle est bonne et ils découvrent le lagon qui commence à s’éclairer des premières lueurs de l’aube, avec Jo&Jo qui attend sur des eaux turquoise devant l’île de Moorea en premier plan.


Un compromis de vente est finalement signé au vu d’un premier examen du bateau, le 8 novembre. Il reste alors à enchainer au mieux le remplacement des haubans et de l’étai pour remettre le gréement à neuf, puis sortir le bateau en cale sèche pour un examen par un expert maritime et le ponçage de la coque pour la recouvrir de deux couches d’antifouling bleu afin de la protéger des agressions des algues et des coquillages.

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C’est aussi l’occasion de changer les anodes destinées à concentrer sur elles la corrosion des pièces métalliques du bateau. Le milieu marin est un conducteur d’électricité et il se produit des phénomènes d’électrolyse qui entament le métal. L’anode se désagrège ainsi progressivement en sauvegardant les autres pièces nobles.


C’est aussi l’occasion de faire la vidange du sail-drive, la descente de mouvement du moteur vers l’hélice, dont l’huile doit être changée régulièrement.


Enfin, une surprise vient d’un jeu constaté dans les deux safrans - les gouvernails - qui vont nécessiter la dépose de ces éléments en remontant le bateau de quelques centimètres et la confection de bagues de téflon à la cote exacte de la mèche de safran afin de faire disparaitre ce défaut.

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Habillés de combinaisons, masques, lunettes et gants, nous travaillons à quatre pendant deux jours pour enlever les diverses couches de traitements et peintures de la coque.


En fait le catamaran est une véritable bi-coque et c’est le double de travail qui est à effectuer par rapport à un voilier. Les petites ponceuses rotatives n’enlèvent qu’une petite surface à la fois, et la position est assez inconfortable, engendrant de belles fatigues aux bras et aux épaules.


Bien sûr, ce travail a lieu par 32 degrés de température et nous aurons la chance de n’avoir pas de pluie durant notre station sur le chantier naval.


Et c’est aussi sans compter sur la poussière qui passe partout et nous donne des airs de personnages d’Avatar, recouverts de poudre bleue d’une couche cachée sous celle noire en surface. Plusieurs douches suffiront à peine à nous rendre à peu près présentables.


Le bateau quant à lui se recouvrira de poussière également et nécessitera un énergique nettoyage une fois le chantier terminé.


Mais ce travail est nécessaire et il faut l’accepter avec philosophie, en paraphrasant au passage la maxime de René Descartes : « je ponce dont j’essuie ».

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Les dames ne sont pas exemptes de ces travaux de forçats, car le temps est compté et il faut ensuite passer deux couches de protection bleu océan.

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Le résultat est à la hauteur de l’effort et Jo&Jo ressort de ce toilettage tout pimpant et prêt à retourner dans son milieu marin naturel.

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L’expert mandaté par les nouveaux acquéreurs trouvera le bateau en excellent état. Il le visitera en cale sèche et à flot sur le quai au bord du parc Paofai près de la marina, bondée ce jour-là.


Son rapport se conclut par les termes suivants : « Le catamaran « Jo & Jo » LAGOON 380 S2 Premium en version Propriétaire appartenant à monsieur et madame JAULT nous est apparu en très bon état de fonctionnement et de conservation ».

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Nous finissons la prise en main du bateau par une traversée à la voile jusqu’à l’île sœur de Moorea, un mouillage d’une journée près de la passe de l’est avant de revenir à Papeete.


Norman, un ami des enfants de Michèle et Philippe, steward sur la compagnie FrenchBee, actuellement en escale à Papeete, nous accompagnera dans la traversée et restera une journée avec nous. Nous aurons la chance de le retrouver sur le vol de retour entre San Francisco et Paris.

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A propos de chance, quelques dauphins venant jouer à l’étrave de Jo&Jo nous accompagnent à la sortie de Papeete et à l’arrivée à Moorea.


Inutile de préciser que cela a été un moment d’émotion intense, comme un hommage et un aurevoir symbolique, accentué par la musique puissante de Vangelis « Conquest of paradise ».

Nous restons au mouillage une journée et une nuit, profitant au maximum de la piscine naturelle autour du bateau pour un dernier snorkelling parmi les raies, les petits requins et les poissons. Bientôt, il faudra ranger les palmes, les masques et les tubas.

Il nous faut rentrer à la marina de Papeete pour trouver une place le week-end. Le bateau y subira les derniers travaux de remise à neuf du gréement avant de rester en stationnement jusqu’au retour de ses nouveaux propriétaires fin janvier.


Nous profitons de l’eau claire pour lui faire un dernier adieu, escorté par un « jojo », ce poisson coffre tacheté qui accompagne chaque mouillage sur le sable blanc, à Tahiti ou Moorea.

Le parachèvement de sa remise à niveau sera le changement des haubans qui sécurisent le mât.


C’est un travail de haute voltige dans la marina de Papeete pour un résultat impeccable.

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Il nous reste une plongée à effectuer au club de Taïna. Un dernier bain dans les eaux bleues de l’océan Pacifique sur le site des 3 pitons.


Ce sera l’occasion de dire au revoir aux tortues, aux petits requins, aux raies et aux milliers de poissons qui ont enchanté notre séjour.

La veille du départ, nous retrouvons Jessica notre équipière et son amie Marion pour un dernier repas.


Elles viennent nous rejoindre sur Jo&Jo et faire la connaissance de Michèle et Philippe.

Puis nous allons diner avec elles au restaurant sur les toits, le « Bar Roof » des 3 brasseurs en face de la gare maritime dans une ambiance décontractée.


Nous sommes tristes de quitter notre fille fa’a’amu. Mais on restera en contact.


On a fait aussi nos adieux aux amis rencontrés sur place avant de partir.

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Nous quittons Jo&Jo, notre bateau-maison qui nous a emmenés dans des lieux et des paysages que seuls les bateaux peuvent découvrir.


Il saura faire des heureux avec ses nouveaux propriétaires qui sauront l’adopter, l’apprivoiser et lui donner autant de soins que nous avons pu le faire.


Il changera une nouvelle fois de nom. Il sera désormais connu dans quelques mois - quand les démarches administratives seront terminées - sous le nom de Morphéo.


Ce nom est composé des prénoms de MICHELE, JORIS, PHILIPPE et GEOFFREY.

Joris et Geoffrey sont les deux garçons du couple qui, à leur manière, formaient aussi un « Jo et Geo ». Signe du destin, sans doute…


Un tout dernier numéro du blog de Jo&Jo reste à paraitre. Il recensera toutes les pages de notre livre d’or.


Chaque personne - famille, amis, autres voileux avec qui nous avons sympathisé durant ces deux ans - nous ont laissé un petit témoignage de nos rencontres.


Prémonitoire, le petit livret comporte très exactement le nombre de pages requis entre la page de garde dessinée par Nathalie et la dernière page signée des nouveaux acquéreurs de Jo&Jo.

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Il viendra clore un blog conséquent comportant 57 épisodes et plus de 1000 pages d’aventures.


Ces découvertes, relatées au jour le jour pendant deux ans, ont par ailleurs donné naissance à un roman largement inspiré de lieux, de faits et de personnages réels.


L’histoire est en fin de gestation et devra être peaufinée dans les prochaines semaines pour une édition dans quelques mois sous la forme d’un livre qui comptera plus de 450 pages.


Ce sera notre témoignage sur la Polynésie, cette région de monde qui vaut vraiment la peine d’être découverte et d’être appréciée pour ce qu’elle conserve d’authentique et d’exotique.


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La page de l'aventure de Jo&Jo se ferme.


Sylvain et Nathalie, revenant des Tuamotu où ils ont laissé leur catamaran Thetis, nous retrouvent pour la dernière soirée.

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A notre retour sur Jo&Jo, Michèle et Philippe nous attendent avec un collier de coquillages pour chacun, venant compléter ceux reçus la veille par Jessica. Selon la tradition, nous quittons le fenua avec un collier de coquillages, gage d'y revenir un jour.

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Nous porterons ces colliers jusqu’à l’aéroport où il nous poussera des ailes pour prendre notre envol vers la glaciale métropole.

Puisse la promesse de cette coutume du collier polynésien s’avérer réelle pour retrouver quelques jours dans un temps futur la douceur de vivre des îles paradisiaques...

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2 commentaires


Dominique Massard
Dominique Massard
29 nov. 2021

C'était une très belle aventure qu'on a eu plaisir à suivre ; bon retour en France ... pour d'autres aventures !

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myriam darmayan
myriam darmayan
27 nov. 2021

Belle vie à Michèle et Philippe, sur Morpheo, ex Alaia.

Et bon retour à vous Sylvie et Jacky..on a aimé vous suivre ces 2 années. Bises

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