47 – Visite de Pascal et Bernadette
- Jo et Jo

- 14 juil. 2021
- 9 min de lecture

Contre toute attente nous restons plus d’une semaine, cloués en baie d’Avea, à attendre que les forts vents diminuent d’intensité pour nous permettre un retour vers Papeete le plus confortable possible.
De fait, nous passerons le 2 juillet dans l’île de Huahine. En compagnie de nos amis Cathy et Pierre-Charles qui ont assuré le gardiennage de Jo&Jo pendant notre retour en métropole, nous fêtons les 60 ans de Sylvie au Relais Mahana, les pieds dans le sable blanc.
Accumulant les titres de grand-mère en janvier, de sexagénaire en juillet et de retraitée en août, l’année 2021 aura été chargée et il faut bien quelques coupes de champagne pour faire passer tout ça.

Ce jour-là, son fils Jonathan, qui avait sollicité tout l’entourage de Sylvie pour recueillir une photo et un petit mot, nous envoyait un film d’animation enrichi de toutes les manifestations familiales et amicales pour célébrer ce soixantième anniversaire.
En voici quelques extraits…
Le samedi 3 juillet, le vent a baissé un peu, mais il reste important, dépassant les 20 nœuds, avec une houle de 3 mètres et surtout une orientation d’alizés de plein est, établie durablement sur la zone Pacifique. Nous prendrons la mer malgré tout pour rejoindre Papeete et accueillir nos invités.
La durée de la traversée, qui prend une douzaine d’heures dans le sens Tahiti - Huahine, demandera 27 heures dans ce sens défavorable.
Nous trouvons facilement un emplacement à la Marina de Papeete, à l’un de nos lieux habituels.

La nuit du dimanche au lundi sera assez courte, puisque Pascal et Bernadette atterrissent à 3h40. Le temps des formalités douanières, du test PCR d’arrivée et de la récupération des bagages et les voilà dans le hall d’arrivée, accueillis comme il se doit par le traditionnel collier de fleurs de bienvenue, avant de rejoindre Jo&Jo.
Maeva… Pascal et Bernadette !
Pas encore dans le cycle de récupération du décalage horaire de 12 heures, nous les emmenons s’immerger dans l’ambiance colorée du marché de Papeete.
Découverte des couleurs et des senteurs des étals de fruits, de légumes et de poissons.
Nous nous arrêtons devant des perroquets, ces poissons colorés du lagon fraichement pêchés et que nous ferons découper en filets pour un délicieux poisson cru à la sauce huitres et soja le jour même sur le bateau.
Un je-ne-sais-quoi, mélange de tenues européennes, collier de fleurs et bronzage à parfaire, les fait immédiatement passer pour des touristes…
Il est trop tôt pour se reposer, alors nous partons faire le tour de Papeete, découvrir les fresques qui décorent la ville. La première halte leur rappelle - comme E-T - que leur maison est bien loin, à l’autre bout de la Terre.

La balade se poursuit jusqu’à la Présidence de la République qui abrite un très joli ensemble de type colonial. Ce lieu de pouvoir reste très ouvert. Ici, pas de chicanes d’accès, de gardes armés. Un seul gardien nous invite à entrer. Il est en train d’écouter le match de la demi-finale entre l’Espagne et l’Italie. Il quitte sa tâche essentielle pour nous prendre en photo et discuter un peu avec nous. C’est ça la Polynésie…

Nous continuons nos déambulations de murs peints en murs peints, avec des fresques monumentales réalisées lors des festivals de street art des années passées. Avoir cette précision sur des œuvres d’une telle échelle force l’admiration.
Dans ce pays du bout du monde, choisi par la France pour effectuer les essais nucléaires dans les années 60, les cheveux des vahinés se doivent d’être longs et bruns - voire de jais - pour la plupart.
Que ce soit pour les élections de miss Tahiti ou dans les danses de Heiva, le risque « d’alerte à la blonde » est très limité.
Et c’est justement en passant devant l’office du tourisme de Papeete que nous rencontrons la toute nouvelle miss Tahiti 2021 et ses deux dauphines, à gauche de la photo de groupe ainsi que miss Heiva 2021, à droite de miss Tahiti, élues la semaine précédente.
Pour revenir au sujet des essais nucléaires si controversé et toujours d’actualité au fenua, on peut dire qu’ici on ne fréquente plus de bombes atomiques depuis 1996 mais plus sûrement des bombes anatomiques de 25 ans…
Mais on sent bien qu’on risque d’être durablement irradiés et de développer à notre insu des atomes crochus, que certains appellent à juste titre « la fièvre du Pacifique ».
Tumateata Buisson, 24 ans et 1m81 sans la couronne et sans les talons portera les couleurs de Tahiti lors de l’élection de miss France en décembre prochain. Elle est parfaite et pas refaite…
Elle est immense et on se sent ridiculement petits aux côtés de cette belle plante qui a trop poussé, et les escarpins de la miss n’améliorent pas la comparaison.
Les filles sont très gentilles et disponibles, en plus d’être charmantes et elles rajoutent un peu plus de soleil s’il en était besoin dans ce paradis polynésien.

Pour nous remettre de nos émotions, nous allons nous attabler à la grande brasserie du centre-ville, les 3 Brasseurs pour une bière fabriquée localement avec une délicieuse flammeküche en accompagnement.

Le lieu, qui reçoit des orchestres locaux de qualité chaque fin de semaine est également le rassemblement incontournable des amateurs de sport grâce à ses 4 grands écrans retransmettant les images de la chaîne des sports.
Ce jour-là a lieu la retransmission de la demi-finale de l‘UEFA Euro 2020 entre l’Espagne et l’Italie, que finira par gagner l’Italie.
L’ambiance est à la fois passionnée et bon enfant, depuis la terrasse en plein air où chacun peut partager ce moment. Nous arrivons dans la phase finale de prolongations et de tirs au but.
Pascal peut laisser parler librement le supporter qui sommeille en lui, même si son équipe favorite - les Verts de Saint Etienne - ne sont pas de la partie.
Dans une telle ambiance, les gestes barrières sont vite oubliés.
Il n’y a rien de tel qu’un match de football pour souder les supporters autour de leur passion commune. Et qu’importe l’équipe, surtout si elle est si loin et que le résultat n’a pas d’enjeu par rapport à leur équipe locale.
Le lendemain, nous décidons d’aller visiter un village de commerce artisanal à la périphérie de Papeete. Cette exposition s’inscrit en marge de la grande fête du Heiva.
Nous utilisons un moyen de transport qui se développe à Papeete : le tuk-tuk à assistance électrique.
Nous prenons place dans ces drôles d’engins et nos deux chauffeurs nous feront faire une course de délire, musique à fond, en slalomant entre les voitures jusqu’au parc des expositions.
Le lieu est assez grand, avec des barnums installés qui abritent tout le savoir-faire des artisans de la Polynésie. Paréos, chemises à fleurs, bijoux en coquillages, nacres ou perles de Tahiti, sacs en écorces de pandanus, monoï aromatisés aux fleurs du pays sont proposés aux visiteurs.
Il y a également des ateliers de confection du célèbre « tifaifai » - une étoffe sur laquelle sont découpés et cousus à la main des empiècements de couleurs - et des stands où des sculpteurs marquisiens travaillent le bois de rose ou l’os.
Le soir, direction le restaurant branché Urban Café, afin de fêter les 60 ans de Pascal.
Pour l’occasion, il arborera une chemise à fleurs typique achetée l’après-midi même chez Hinano et la dent de requin, lui donnant ainsi une couleur plus locale.
Nous serons servis par Marine - non, pas la vôtre qu’on vous laisse en métropole, mais l’autre, plus jeune, plus souriante et plus serviable - qui nous proposera un seul verre de cocktail pour nous quatre.
Il faut dire que le verre a une contenance de 2 litres et demi - avec beaucoup de glaçons - et que le cocktail composé de gin, de vin rosé, de pamplemousse et de romarin nous accompagnera durant tout le repas.

Dans l’attente de quitter l’île de Tahiti pour voguer vers les Iles sous le Vent, nous louons un véhicule pour découvrir la façade sud de l’île jusqu’à la presqu’île. La balade sera essentiellement végétale, avec des arrêts aux grottes de Maraa, aux jardins de Vaipehi et à l’exceptionnel jardin botanique de Papeari.


Dans la ville de Taravao, qui fait la jonction entre la grande île - Tahiti Nui - et la presqu’ile - Tahiti Iti – nous faisons une halte déjeuner chez Rémy et Loula, un restaurant aux plats copieux et délicieux avant de reprendre notre route.
Le lieu est assurément sous l’emprise du football et connu comme tel. Les sets de tables en bois sont gravés aux couleurs des clubs français et européens et le plafond est tapissé d’écharpes de clubs.
Impossible de ne pas trouver celle de l’AS Saint Etienne et encore plus impossible de ne pas immortaliser la présence d’un supporter historique des Verts depuis leur épopée du milieu des années 70 dans un tel décor d’afficionados.
Poe, notre charmante petite serveuse - Poe veut dire Perle en tahitien - se prêtera au jeu de la photo-souvenir…
Le cadeau d’anniversaire continue le soir-même avec le Heiva sur la grande salle de spectacle de Papeete, la place Ta’ota.
Le Heiva à Papeete dure 8 jours, répartis entre les jeudi, vendredi, samedi et dimanche des deux premières semaines de juillet. Venant de toute la Polynésie, des groupes de danses et de chants s’y affrontent pour décrocher le titre de meilleure troupe de la saison.
Chaque soir, ce sont 4 groupes qui sont ainsi proposés à la compétition.
Cette année célèbre les 140 ans de la manifestation dans son expression et son authenticité actuelles.
L’arrivée des premiers missionnaires à la fin du XVIIIème siècle avait eu pour conséquence d’interrompre les expressions culturelles traditionnelles, et surtout la danse, jugée trop indécente par les européens. Les heivas ont été totalement interdis et 1819 et il faut attendre 1881 pour retrouver les premières expressions culturelles dans le cadre des fêtes du 14 juillet, mais sans les danses, encore jugées trop sensibles pour l’administration coloniale et ses serviteurs zélés. Seuls les chants et les sports étaient permis.
Les danses seront peu à peu autorisées avec le temps, mais strictement encadrées dans la tenue et la gestuelle. Le véritable renouveau tel que nous le connaissons aujourd’hui ne date que de 1956 et ne prendra son rythme annuel de juillet qu’à partir de 1985.
Cette année, compte tenu des restrictions sanitaires et du peu de temps pour préparer les troupes, il ne s’agit pas d’un concours mais d’un festival.
Toute une foule se presse doucement vers les gradins de la salle de spectacle. On y croise même des têtes connues, en grand costume d’apparat…
Si les chants sont un peu lancinants, répétitifs et parfois criards, les danses rivalisent de grâce avec des costumes végétaux et des chorégraphies impeccablement interprétées, le tout au son d’un orchestre qui fait la part belle aux chants et aux percussions.
Nous aurons la chance d’assister à la prestation de Toakura, un des meilleurs groupes qui trustent les prix chaque année.
La troupe, d’une centaine de danseurs, a retracé l’histoire en plusieurs tableaux et plus d’une heure quinze l'accueil des navigateurs britanniques de la Bounty dans la baie de Matavai, en 1788, sous le commandement de l’intraitable capitaine Bligh qui fut le responsable de la plus célèbre mutinerie de l’histoire.
Elle a surtout mis en exergue la rencontre entre Christian Fletcher et Maimiti qui, selon la chorégraphe, ne se serait pas réellement passée comme cela a été raconté dans le livre de James Norman Hall et le film hollywoodien incarné par Marlon Brando.
Le spectacle remet en cause notamment la relation entre ces voyageurs et les vahine, comme en témoigne cette phrase du narrateur : "Après plusieurs mois de voyage et sans aucune hygiène, j'ai du mal à croire que nos vahine se soient jetées dans les bras de ces hommes"
Après le spectacle, auquel une majorité de familles des danseuses et musiciens venaient congratuler les artistes, nous avons pris quelques photos souvenirs avec les très accortes et souriantes danseuses de la troupe.
Le séjour sur Tahiti se termine avec un survol de l’île de Moorea. Le temps est incertain sur Papeete mais bien dégagé sur l’île-sœur de Tahiti dont nous ferons le tour en un peu moins d’une heure.
Le survol offre une vue magnifique sur les montagnes et surtout les lagons qui étalent leurs dégradés de bleus et de verts. On survole même le fameux golf de Moorea qui s’agrippe à la montagne et où nous avions passé une journée en novembre avec nos amis Patrick et Martine, en compagnie de Madeleine.
De retour à Tahiti, nous survolons la marina de Papeete où on peut voir au loin notre catamaran qui nous attend pour larguer les amarres et hisser les voiles.
Visiblement, pas de mal de l’air pour les heureux récipiendaires (ce vol clôturait le cadeau d’anniversaire de Pascal).
En sera-t-il de même pour le mal de mer ?

Nous quittons la rade de Papeete, première navigation pour nos invités.
Il y a du vent, la mer est assez agitée mais cela reste une petite traversée de 3 heures environ. Le trajet se fait à la voile jusqu’à la passe de la baie d’Opunohu que nous atteignons en milieu d’après-midi.
Le lieutenant Sylvie est à la manœuvre pour affaler la grand-voile tandis que le mousse Kalou fait son apprentissage de marin en vue d’aides ultérieures.
La baie est en vue, avec son mont Rotui caractéristique et quelques voiliers au mouillage dans cette baie bien abritée - un bon abri côtier - qui nous permettra de partir dès le lendemain à potron-minet pour la grande traversée vers l’île de Huahine.
La nature généreuse nous offre un splendide coucher de soleil, l’astre solaire se positionnant exactement au milieu des balises verte et rouge de la passe…


















































































































ah que ça fait du bien de lire le soleil et la chaleur du Pacifique , vu de la Métropole bien tristoune et bien froide...