46 – 6 semaines en métropole
- Jo et Jo

- 30 juin 2021
- 17 min de lecture

Le 8 mai, nous arrivons en métropole, profitant de l’ouverture des frontières tant attendue et de la liberté enfin retrouvée de pouvoir circuler au-delà d’un rayon de 10 kilomètres autour du domicile. Sans cette double condition, pas de retour possible.
Nous partons sous le régime du « motif impérieux » avec la bénédiction officielle du Haut-Commissaire de la Polynésie française qui nous délivre le précieux sésame. Ce faisant, nous faisons le pari que notre retour se fera sous le régime « touristique », faute de quoi nous serions contraints de rester en France. Les conditions de retour au fenua (pays) sont draconiennes pour conserver à ce petit coin de paradis la quiétude et la douceur de vivre qu’on lui connait.
Pendant ce temps, Jo&Jo nous attendra sagement au mouillage dans la baie d’Avea, aux bons soins de Cathy et de Pierre-Charles. Il sera en surveillance permanente, en ligne de mire de leur maison en bord de lagon et ils viendront régulièrement l’entretenir en démarrant les moteurs et le dessalinisateur.
Le vol de 22 heures, auxquelles il faut ajouter 12 heures de décalage horaire à rattraper, nous fait arriver le surlendemain matin à Orly, via la Guadeloupe. On vieillit deux fois d’un coup, à la fois du temps qui s’écoule naturellement pour chacun et du recalage d’une demi-journée sur le méridien de Greenwich, mais nous ne sommes pas trop fatigués pour autant…
Le contraste est saisissant entre une Polynésie déjà grandement libérée et une France encore confinée et qui va s’ouvrir peu à peu durant notre séjour.
Nos amis Sylvie et Stéphane viennent nous accueillir et nous resterons 3 jours chez eux à nous réacclimater au changement de climat, au changement de nourriture et au changement de rythme.
Les restaurants, les terrasses, les magasins « non essentiels » sont fermés. Nous allons faire le marché à Saint Germain en Laye, masques dûment appliqués sur le visage, étonnés de voir des files d’attente sur le trottoir et des stands improvisés devant les devantures des boutiques où il n’est pas possible d’entrer.
Le projet de faire des boutiques entre filles, un temps envisagé depuis l’autre bout de la planète, est immédiatement enterré. Nous nous sommes transportés sans transition dans le monde aseptisé et inhumain du « click and collect ».
Même le projet d’aller chez Décathlon pour acheter un canoé kayak gonflable à ramener dans nos valises subira le même sort. Il faut le commander par internet et aller le chercher dans le magasin le plus proche où il est disponible… à Mantes la Jolie, à près d’une heure de voiture.
C’est aussi le temps de commander tous les articles introuvables en Polynésie ou à des prix prohibitifs, sans compter le délai d’acheminement par avion ou par bateau peu compatible avec les nomades sans domicile fixe que nous sommes devenus.
Nous retrouvons les joies de la conduite en région parisienne avec ses bouchons et ses incivilités. Un petit air rétro flotte au volant de la Mazda MX5 vintage de Stéphane.
Fan de modèles anciens - cela ne concerne pas de sa compagne Sylvie - il rénove et collectionne les 2CV (les belles-deuches) et a aussi une Fiat Barchetta, une Triumph Spitfire et un combi Volkswagen première génération, en plus de leurs deux voitures « modernes » pour le quotidien.
Cette Mazda de collection au look unique nous propulse une quarantaine d’années en arrière, nous rappelant qu’à l’époque il n’y avait pas de direction d’assistée, d’airbag, de GPS, de radar de recul, de bluetooth et que le confort était particulièrement spartiate.
Mais quel plaisir de rouler en décapotable au ras du sol au milieu des SUV qui ont envahi le paysage…
Il faut aussi remettre des pantalons, des chaussures fermées, des vêtements un peu plus chauds malgré la proximité de l’été. A Tahiti, l’été est permanent, même si nous venons d’entrer dans l’hiver austral, ou saison sèche.
Elle diffère de l’autre saison par une baisse de température de 3 degrés et une journée diminuée d’une heure seulement entre le solstice d’été et le solstice d’hiver, la Polynésie ne connaissant que deux saisons.
Avoir des amis, c’est aussi un accueil d’autant plus intense qu’il est accompagné des souvenirs communs des moments passés sur notre catamaran. C’est le cas de Sylvie et Stéphane, venus 3 semaines en août dernier et qui ont fait les honneurs de nos blogs n° 26 et 27.

Avant de rejoindre Roanne, notre base arrière et point central de nos pérégrinations européennes, nous passerons aussi quelque temps chez Patrick et Martine, venus de fin septembre à mi-novembre en même temps que Madeleine, la maman de Jacky (voir nos blogs n° 29 à 32).

Nous aurons aussi le plaisir d’aller déjeuner chez Jean-Karl et Pépita à Toussus-le-Noble, pour évoquer le passé et leurs souvenirs de la Polynésie ainsi que leur voyage il y a 10 ans sur le navire Aranui qui les avait conduits jusqu’aux Marquises au pays des tikis, de Jacques Brel et de Paul Gauguin.
Il semble que rien n’ait changé en une décennie dans ce pays du bout du monde isolé de tout. Eux-mêmes n’ont pas changé non plus…


Pendant ce temps, nos amis Jérôme et Stéphanie (avec qui Jacky avait fait le stage de survie et de premiers soins en mer à la Trinité-sur-Mer en septembre 2019) avaient le projet d’un tour du monde annulé pour cause de pandémie.
Ils ont fait les honneurs d’un reportage le 9 mai « les animaux de la 8 » sur C8 de leur chat « Zouzouille » au port de La Rochelle.
Il n’est pas rare de croiser des marins ayant à leur bord des chiens et des chats, comme notamment Philippe Poupon et Géraldine Danon sur leur « Fleur Australe ».
Dans le même registre, notre ami Bruno a pu remettre cette année sur le métier son projet de pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle.
Parti le 3 mai du Puy, il a cheminé pendant 50 jours en suivant le GR65 - ou via Podiensis - nous informant au jour le jour des détails de son aventure et de ses découvertes - en français et en espagnol - via son blog http://cap-santiago.over-blog.com/.

Souffrant de son genou gauche, il a pris le sage parti de stopper son pèlerinage et de programmer la fin de l’aventure pour l’année prochaine.
Ce n’est pas la destination qui compte, c’est le chemin.
Nul doute qu’il revient changé de cette expérience initiatique, avançant sous tous les temps de son pas de pèlerin que - c’est bien connu - n’arrête pas la pluie du matin.
Une très belle leçon de vie et de quête de soi.
Epicurien convaincu, il a aussi à sa manière largué les amarres pour arpenter les 767 kilomètres de chemins français du Puy à Saint-Jean-Pied-de-Port, emportant avec lui son sac à dos pour tout viatique.
La fin du parcours - 180 kilomètres malgré tout - jusqu’à son abandon au pays basque espagnol l’aura poussé à faire quelques entorses au règlement en prenant d’autres moyens que pédestres.
Chapeau Bruno !

5 jours se sont passés en région parisienne et nous avons plus ou moins recalé nos biorythmes. Il est d’usage de compter 1 jour de récupération pour une heure de décalage horaire, mais c’est bien entendu très variable d’un individu à l’autre.
Nous partons vers Roanne où nous sommes très attendus par la famille.
Dans l’intervalle, nous avions reçu une curieuse invitation, une « Gender Reveal Party », très en vogue aux Etats-Unis, appelée également « Baby shower », occasion de se réunir pour recevoir de manière festive l’annonce du sexe du bébé.
Ainsi, Jacky, déjà grand père du petit Timothée, accrochera en septembre une nouvelle barrette à ses décorations. Il y a un décorum et une tenue demandée aux participants.
Nous faisons le déplacement jusqu’à Bourges pour participer à l’événement, dans un décor aménagé en rose et bleu.
La majorité des présents avaient misé sur l’arrivée d’une petite fille. La cérémonie du ballon ne laissera plus aucune place au doute. Timothée aura une petite sœur dans quelques mois…
Le mercredi 19 mai est le jour de l’ouverture des terrasses. C’est aussi celui où Sylvie va rejoindre et rencontrer pour la première fois Emilia, sa petite-fille née le 14 janvier à Barcelone.
Le meilleur moyen de s’y rendre est le train rapide et direct de Lyon à Barcelone qui relie les deux villes en 5 heures.
Nous profitons de cette escapade à Lyon pour rencontrer Yvonne, notre professeur de danses de reconstitution avec qui nous avons tant de souvenirs et nous faisons l’inauguration d’une terrasse près de la gare de Perrache. Les projets de danse sont suspendus à la levée des restrictions, mais l’été qui arrive et la décrue de la pandémie laissent envisager une reprise des stages et des soirées dans le cours de l’été.
Sylvie passera une semaine à cultiver l’art d’être grand-mère avant que Jacky ne la rejoigne en voiture. Les tests PCR sont obligatoires à l’aller et au retour. Ils sont gratuits en France alors qu’ils coûtent 100 euros en Espagne, et même 300 euros en Suède !
Mais cela n’empêche pas le français moyen de râler, on a quand même une (sale) réputation à défendre…
Barcelone sous le soleil est toujours aussi agréable et la Sagrada Familia n’en peut plus d’accumuler les retards. Devant être terminée officiellement pour le centenaire de la mort de Antoni Gaudi en 2026, elle est toujours en travaux. Financée en grande partie par les visiteurs, elle était fermée et n’a rouvert ses portes que le jour de notre départ. La fin des travaux est maintenant repoussée à 2032… si tout va bien.


A notre retour, nous faisons une halte à Montpellier chez nos amis de la danse Robert et Nathalie, ainsi que Philippe et Magdeleine, les âmes vives de l’association Mag Danses.
Nous aurons le plaisir de retrouver nos pas de danse et d’exécuter parfaitement un quadrille français et la chorégraphie « Fatinitza » commune à toutes les associations réunies sous les enseignements d’Yvonne, après un sympathique repas méditerranéen sous les pins, et bien sûr de sacrifier à la traditionnelle partie de pétanque.
Robert et Nathalie viennent nous rendre visite à Tahiti en septembre. Notre piscine autour du bateau sera plus grande que la leur…
Notre périple, après une courte halte à Roanne, nous pousse jusqu’au Mans pour voir les parents de Sylvie et ses frères.

Cela faisait neuf mois que nous n’étions pas revenus en France, avec cette fois un peu plus de temps pour couvrir les 5000 kilomètres de notre périple nous faisant sillonner la France de Paris à Bourges, Roanne, Lyon, Montpellier, Le Mans, Tours et même Barcelone.
Cette fois, nous avons pu voir toute la famille de Sylvie, réunie en presque totalité la journée d’un dimanche particulièrement ensoleillé qui fut l’occasion de fêter l’anniversaire de Nadine, qui passait début juin une dizaine.
Anniversaire bien arrosé assurément par l’impétrante car on voit Nadine tenant dans une main une flute de champagne et caressant de l’autre la chienne dénommée « Yquem ».
Ce colley shetland accompagnait Jean-Luc, le frère ainé, dont chacun comprendra sa passion, voire son addiction pour les grands crus, de Bordeaux ou d’ailleurs.

Là encore, la séquence entre le déjeuner et le dîner a permis de dérouiller les boules de pétanque sur un terrain improvisé à la sortie du village.
Ce week-end-là, c’est aussi la fête des jardiniers et les roses sont à l’honneur dans toute la région.
Certains jardins privés d’ordinaire inaccessibles ouvrent également leurs portes comme pour les journées du patrimoine.
Nous découvrons un étonnant lieu où le propriétaire d’un jardin d’inspiration artistique et poétique élève des centaines de lapins rares aux oreilles tombantes et au pelage angora.
Nous visitons le charmant village d’Asnières-sur-Vègre, petite cité de caractère classée parmi les plus belles de France, avec ses maisons en pierres, ses roseraies, ses sculptures de métal, son vieux pont, son manoir et son lavoir typiques. Le village compte 5 monuments historiques.

Nous visitons également le magnifique château du Lude, remarquable par ses 4 façades appartenant chacune à un siècle différent, du XVIème au XIXème et ses jardins à la française classés au patrimoine le long du Loir.



Ces quelques jours dans la Sarthe font le plus grand bien à tout le monde, en ces temps où l’âge et la maladie rend les distances plus difficiles.
Nous faisons une halte sur le chemin du retour près de Tours pour donner un coup de main au déménagement de Jean-Luc, le frère aîné de Sylvie, dans une ambiance très familiale.
L’occasion de prendre une rare photo de la fratrie.
Plusieurs rotations seront nécessaires pour vider cette maison remplie à ras-bord de souvenirs entassés depuis 40 ans.
Nous ne participerons qu’au premier chargement avec les meubles principaux.
Ce déménagement, plus particulièrement à tout autre, marque une page qui se tourne pour repartir sur une nouvelle vie à reconstruire.
Nous repassons par Bourges pour le retour et nous avons le plaisir de chercher Timothée à l’école.
Image rare que cet instant pourtant si commun à de nombreux grands-parents, compte tenu de notre éloignement, perceptible à notre tenue des antipodes…


C’est aussi l’occasion de passer un peu de temps chez Aurélie et Jonathan et de partager leur quotidien, leurs repas, leurs soirées et de trouver le temps de discuter de manière plus détendue, sans avoir à courir comme nous le faisons trop souvent.
Nous partageons leurs projets d’agrandissement de la maison avec l’aménagement des combles. L’arrivée du bébé pour septembre chamboule un peu les plans et a transformé en travaux leur projet initial de voyage de noces au Japon.
Fans de mangas, de séries télé, de cosplay, d’escape games, ils ont tous les stigmates des « geeks » de leur génération.
Un casque de réalité virtuelle et augmentée, agrémenté de deux manettes de détection de mouvements, produira de curieuses contorsions au milieu du salon pour attraper des objets imaginaires…
De retour à Roanne, nous continuons le cycle des invitations et des restaurants.
Ce séjour permettra de revoir la famille proche comme l’oncle Albert et la tante Odette, toujours bon pied bon œil à plus de 92 ans, ou la tante Jeannine recevant sa fille Chantal et son gendre Michel, de la région lyonnaise, avec qui nous passerons un dimanche sympathique en compagnie de leurs jumeaux, deux petits-neveux de 17 ans encore jamais rencontrés jusque-là.
Dîner chez Bernard, le grand Maître 9ème dan de Karaté avec qui une solide amitié s’est tissée au fil des ans et des interprétations du répertoire d’Aznavour en fin de soirée. Nous bravons le couvre-feu encore présent à 23h00 pour ne pas écourter une soirée chaleureuse où l’on ne voit pas passer le temps.
Dans la douceur de l’air du soir, photo-souvenir devant le torii, portail traditionnel japonais, symbole du shintoïsme, érigé pour accéder à un petit espace zen propice à la méditation.
Incongru a priori dans cet endroit de campagne, cet édifice prend tout son sens quand on connait bien le propriétaire des lieux. Tout comme pour le karaté où il excelle dans la maîtrise de son art - la force pilotée par l’esprit - ce lieu représente la séparation symbolique du monde physique et du monde spirituel.

Ce temps, à l’élasticité et à la relativité bien connues, nous échappe complètement quand on passe entre les mains d’Anny, chez qui nous nous offrirons une séance de massage.
Maitre Reiki de 3ème degré et de belle lignée issue de son fondateur japonais Mikao Usui, dans cette pratique de thérapie énergétique venant du pays du soleil levant, Anny est une masseuse hors pair, d’une sensibilité, d’une gentillesse et d’une sagesse atypiques.
Sa technique de massage, outre le contact des mains, consiste à équilibrer les courants d’énergies circulant dans le corps autour des 7 points ou nœuds d’énergie que sont les chakras, allant du chakra racine au bas de la colonne vertébrale jusqu’au chakra couronne au sommet de la tête. C’est un véritable flux d’ondes qui passe entre ses doigts, créant une connexion incroyable qui donne une impression de flotter, de « quitter son corps ».
Seuls les initiés aux médecines douces et spirituelles comprendront ces propos peu cartésiens, mais cela fait incontestablement écho en nous à ce fameux « mana » tahitien, cet esprit qui est en toute chose et qui organise et transcende au quotidien la vie des polynésiens, en particulier les marquisiens.
A Tahiti et dans les îles, le temps ne fait pas partie du référentiel. Demain n’existe pas et hier est oublié. Demandez à un polynésien de souche depuis combien de temps il a fait tel ou telle chose et il sera incapable de vous répondre, non parce qu’il ne veut pas, mais parce qu’il n’imprime pas cette information. Ici, le lâcher-prise est inné.
Le « mana » est roi, il habite chaque arbre, chaque pierre…
Nos amis Patrick et Martine, qui avaient partagé Jo&Jo avec Madeleine, ont été invités à passer quelques jours à Roanne. Avec la « maison bleue » comme point de ralliement, sur la terrasse d’été ou le plus souvent à l’intérieur pour cause de canicule cette semaine-là, ce court séjour sera l’occasion de visiter la région.

Ayant établi leurs quartiers au château de Champlong, où nous dînerons le deuxième soir, Patrick pourra s’adonner à sa passion du golf, perdant au passage 5 balles dans un fairway trop dense. Mais ce petit désagrément sera compensé par l’excellent repas gastronomique offert par Madeleine et la dégustation en mode VIP d’un vieil armagnac - on finit tous par être des vieillards maniaques - dans l’impressionnante cave d’Olivier Boizet, le chef renommé et propriétaire des lieux.
Nous visiterons les 2 barrages qui alimentent Roanne et une bonne partie de la région, le port de Roanne - qui fut le deuxième port de France au milieu du XIXème siècle grâce au trafic par voie fluviale qu’il drainait.
On ne peut venir à Roanne sans visiter la côte roannaise et une des caves les plus réputées - la maison Sérol - qui partage quelques pieds de vigne avec les restaurants de la famille Troisgros.
Le soir-même, d’ailleurs, nous dînerons au Central, face à la gare, dans ce lieu qui a fait la renommée de cette famille étoilée de génération en génération. Rassurez-vous, nous ne boirons pas que de l’Evian avec la délicieuse bourride mais un Chablis 1er cru non présent sur la photo…

Les restaurants revivent depuis leur décret d’ouverture au 9 juin. Nous en profiterons abondamment sur la période restant jusqu’à notre départ. Pascal, le frère de Jacky, pouvait enfin fêter à la fois son anniversaire datant de mi-octobre et son départ à la retraite au 1er janvier.
Le prieuré d’Ambierle, étoilé Michelin, sera le théâtre de ce nouveau repas gastronomique en tous points impeccable, après une visite du village médiéval offrant un étonnant et riche musée sur la vie paysanne. On y trouve également une église remarquable aux tuiles vernissées à l’instar des hospices de Beaune abritant dans son chœur un superbe retable classé au patrimoine.

Pascal et Bernadette sont attendus à Tahiti le 5 juillet et feront les honneurs du prochain blog.
Ce triple événement (anniversaire, retraite, Tahiti) a valu à Pascal une chanson en guise d’hommage.

Le véritable cadeau pour leur venue sera notamment le spectacle vivant enfin ressuscité cette année à Papeete : le Heiva.
C’est la grande fête annuelle qui a lieu tous les 10 premiers jours de juillet et où les écoles de danses rivalisent d’imagination et de talent pour remporter le trophée de la meilleure troupe.
Le spectacle de l’an dernier avait été annulé pour cause de pandémie, tout comme l’élection de miss Tahiti.
La couronne et l’écharpe ont été portées deux ans de suite par Matahari Bousquet, qui vient de rendre son titre ce vendredi 25 juin. La nouvelle miss se nomme Tumateata Buisson.
Il est à noter la drôle d’association entre le prénom et le nom de ces deux dernières miss - la précédente étant Vaimalama Chaves devenue miss France - qui démontre les bienfaits du métissage entre un papa « popaa » (blanc européen) et une maman tahitienne.
L’inénarrable et incontournable Jean-Pierre Foucault avait fait le déplacement pour l’élection. Il y a quand même des chanceux qui ont un travail à la fois très bien payé et très agréable.

A propos de danses tahitiennes, notre co-équipière Jessica a participé cette année pour la première fois au gala des écoles, en juin, à Papeete.
Avec un entraînement poussé de plusieurs heures par semaine, elle a pu accéder au niveau supérieur dans sa troupe de danse et participer à 8 tableaux chorégraphiés dans le grand théâtre de Papeete, devant un public conquis.
Difficile de la reconnaitre sous son maquillage, ses faux cils, ses cheveux bouclés et sa tenue de vahiné.
Nous n’avons hélas pas pu la voir - sinon lors de ses répétitions de chorégraphies sur le bateau pendant notre voyage aux Marquises - mais nous en avons recueillis quelques photos et vidéos.
Nous sommes très fiers de notre « fille fa’a’amu » (voir notion de fa’a’amu dans notre blog n° 42) danser avec autant de grâce.

Notre séjour français touche à sa fin.
Nous ne pouvions repartir sans saluer nos amis du Quadrille Français et son Président qui a repris la suite de l’aventure.
Yves, depuis peu adoubé dans le très select et très fermé « Cercle de l’Union Interalliée » à deux pas de l’Elysée, avait réservé une table, en respectant la jauge de 6 personnes. Il ne suffit pas de montrer patte blanche pour pénétrer dans ce lieu privé mais aussi impérativement porter cravate et veston sous peine de se voir refuser l’entrée. Outre Yves et sa femme Véronique, nous avons partagé ce repas avec Geneviève et Alain, membres du conseil d'administration de l'association.
Le lieu est exceptionnel en plein cœur de Paris et offre des jardins qui n’ont rien à envier à ceux de la Présidence de la République.
Une très bonne soirée de veille de départ, avec une mention spéciale pour l’impressionnante carte des vins, proposés à des prix très doux, comme le Pessac-Leognan qui a accompagné ce délicieux repas.

Le 23 juin est arrivé. Le retour vers Papeete est lancé.
Il faut passer par les divers contrôles de billets, passeports, carnets de vaccination, tests PCR, enregistrements ETIS (fichier de suivi sanitaire en Polynésie), enregistrements AVE (droit d’accès à l’espace canadien), déclarations sur l’honneur de ne pas être cas contact et nous pouvons enfin prendre place dans l’avion de FrenchBee.
Nous partons à 10h15 et nous arriverons à 19h15 le même jour, avec 21 heures de vol.
Nous suivons la rotation de la terre. S’il n’y avait pas eu la plongée nord-sud depuis Vancouver au Canada sur Papeete, nous aurions voyagé de jour pendant tout le trajet.
On comprend tout l’intérêt des cache-hublots si on veut dormir un peu.

A une heure près (il fait nuit à 18h00), nous arrivons de nuit sur le tarmac de Faa’a, l’aéroport international de Papeete, le seul de Polynésie. C’est le sas obligé. Alors, nouveau test PCR à l’arrivée.
Les autorités ne sont jamais trop prudentes et ne font pas confiance à la discipline individuelle nécessaire pour les autos-tests, d’autant qu’un variant Delta pourrait menacer l’intégrité du fenua.

Romain, un co-locataire de Jessica vient nous chercher à l’aéroport. Tous nos bagages tiendront dans sa petite voiture, on se demande encore par quel miracle…
Nous passons deux nuits dans la chambre de Jessica qu’elle nous a laissée pour l’occasion et la journée est mise à profit pour faire les dernières emplettes à Papeete.

Le vendredi 25, très tôt, nous prenons la navette Apetahi Express qui va nous transporter en 3h30 jusqu’à l’île de Huahine où nous attend Cathy… et Jo&Jo !
Nous retrouvons la découpe bien connue de l’île sur son versant est, à une vitesse sans commune mesure avec celle de notre catamaran poussé par les alizés.

L’intérieur du bateau est trop fortement climatisé. Pantalons et sweets sont indispensables.
Nous débarquons nos bagages sur le quai. C’est impressionnant.
4 grands sacs avec autant de bagages à mains pour un poids dépassant les 150 kilos.
Il faut dire que nous apportons un guindeau tout neuf pour remonter l’ancre et la chaine sans plus aucun souci (il n’arrêtait pas d’être réparé et ne tenait que quelques jours) et un grand canoé kayak gonflable.
Et on ne compte pas les nombreux kilos pris en métropole sur nos anatomies et qu’il va falloir évacuer rapidement.
Mais ici, la chaleur, la nourriture plus saine et l’exercice sauront venir à bout et en douceur de ces excès.
Des excès qui restent avant tout du plaisir de partager et de déguster l’incomparable savoir-faire de la cuisine française.
Nous retrouvons Jo&Jo en peine forme, étonnamment propre à l’extérieur. On apprendra qu’il n’a pas fait très beau pendant notre absence et que la pluie a sévi assez souvent.
C’est un paradoxe puisque nous sommes en saison dite sèche et que notre périple aux Marquises en saison dite humide n’avait pratiquement pas produit de pluie, générant une sécheresse avec un déficit de pluviométrie de 91 % par rapport à l’année précédente, déjà sèche. Il n’y a plus de saisons…

Nos amis nous avaient caché l’événement survenu le 21 juin, 4 jours avant notre arrivée, dans la baie de Haapu, à 2 kilomètres de Jo&Jo, pour ne pas nous inquiéter.
Un catamaran Lagoon 380 analogue au nôtre, loué par une famille de 5 personnes à une société de charter de Papeete, a pris feu et a coulé, faisant un mort au passage.
Selon les premiers témoignages, l’explosion aurait été déclenchée lors de la manipulation de carburant - de l’essence au lieu du gasoil -alors que les moteurs du navire étaient en marche.
Quatre passagers ont été projetés à l'eau, tandis que le cinquième a été retrouvé par des plongeurs dans l'épave qui gisait par 10 mètres de fond.
Cet accident rappelle l’importance de la sécurité et des procédures. Comme tout accident, il pouvait être évité. Chacun sait qu’on ne manipule pas de l’essence près d’une source chaude.
Jo&Jo quant à lui avait été mis en sécurité. Il est resté sous surveillance avec des consignes précises. Pour le reste, la sécurité est avant tout une affaire de bon sens, de vérification du matériel et de respect des consignes.
Le guindeau électrique, ce treuil indispensable pour descendre et remonter des dizaines de mètres de chaine avec son ancre charrue de 15 kilos à son extrémité est une pièce très souvent sollicitée lors des mouillages dits « forains », au milieu d’un lagon ou d’une baie.
Celui d’origine était arrivé à bout de souffle. Le nettoyer et changer les charbons n’y faisait rien. Nous avions dû de plus en plus souvent pallier ses défaillances en remontant l’ancre à la force des bras…
Nous avons trouvé le même modèle en France, plus facile à interchanger en utilisant le câblage existant. Une fois la substitution opérée, nous voilà prêts à sillonner le Pacifique et retrouver le confort de la navigation assistée de moyens modernes.
Notre deuxième gros colis, un kayak gonflable de 2 places, d’un mètre de long et de 16 kilos, est déplié, gonflé et installé sur le pont, prêt à nous véhiculer en douceur dans les lagons turquoise.
Il nous reste à attendre des vents favorables pour revenir sur Papeete accueillir nos prochains invités. La fenêtre de navigation est assez serrée.
La météo est capricieuse, avec des vents établis à plus de 20 nœuds en moyenne et des rafales à plus de 30 nœuds. C’est assurément inconfortable en mode propulsion moteur pour un retour face aux vents dominants d’est et des vagues de plus de deux mètres venant se briser sur l’étrave du catamaran.
Mais comme pour une balade en montagne, il y a toujours un sens plus facile et agréable que l’autre…







































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