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33 – 3 semaines à Papeete

  • Photo du rédacteur: Jo et Jo
    Jo et Jo
  • 5 déc. 2020
  • 14 min de lecture

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Nos invités sont partis et ont regagné la métropole sans encombre. Après plus de 6 semaines de navigation dans les eaux de l’archipel de la Société, Jo&Jo a besoin de se poser et de faire un toilettage avant de repartir fendre les flots des autres archipels.


La marina de Papeete s’est considérablement vidée et il n’y a plus de problème de place comme aux mois de juillet / août. Les néo-zélandais et australiens sont rentrés chez eux. Hormis quelques bateaux de charter, nous sommes seuls au ponton de la nouvelle capitainerie, face au port marchand où viennent décharger d’impressionnants cargos et porte-containers.

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Notre moteur principal de l’annexe n’est toujours pas réparé, après tout il n’a été déposé chez le concessionnaire Yamaha que le 25 août. Aux dernières nouvelles, il manque une pièce qui doit venir du Japon le 25 novembre. Il faut bien 3 mois pour recevoir les pièces et effectuer la réparation !


Si on ajoute le fait que le moteur d’annexe commandé chez Yamaha et non livré à temps devait être remboursé sous 8 jours début octobre et que ce n’est toujours pas fait, on peut en déduire que les services commerciaux et après-vente chez Yamaha sont vraiment aux japonais absents…


La pompe à gasoil du moteur babord donne parfois des signes de faiblesse, baissant dans les tours avant de reprendre son régime nominal. Il existe dans nos pièces détachées une pompe de secours à réparer au niveau de la vis de purge, ce sera fait en quelques minutes avec les moyens du bord, l’expression ne pouvant pas être mieux choisie. Par précaution, nous commandons une pièce de rechange chez Nautisport, revendeur Volvo. Délai minimum une semaine, la pièce étant heureusement en stock dans un dépôt. La pièce arrive le vendredi, nous la voyons dans les mains du magasinier qui la déballe du carton mais nous ne pouvons pas partir avec, elle n’est pas entrée en stock au magasin. Au bout de 2 relances, nous pourrons enfin la réceptionner le mercredi suivant. Le rendement et le service sont définitivement des concepts surréalistes en Polynésie…


Se poser au port est aussi l’occasion de décaper les chaines, attaquées par le sel et formant une couche de rouille - quand on ne les utilise pas assez, ce qui est le cas quand nous sommes durablement amarrés à un corps-mort - qui colle les maillons entre eux et fait disjoncter le guindeau quand ces amas abordent la roue crantée.


C’est particulièrement le cas de la chaine de grappin pour l’annexe, que nous n’utilisons pratiquement pas et qui s’est gentiment fossilisée pendant quelques mois sous un tas de cordages…


Nous aurons droit ainsi à plusieurs jours de travail à la chaine - mais sans que l’on forçat, comme on dit à Aubagne - avec 55 mètres de la chaine principale à nettoyer maillon par maillon.

C’est aussi l’occasion de renouveler les papiers de douane. Tous les 6 mois, il faut une nouvelle autorisation pour obtenir du carburant détaxé.


Jo&Jo, qui est déclaré administrativement à Toulon avec un Acte de francisation et titre de navigation français, est sous le régime de l’admission temporaire en Polynésie.


Dans le cadre de la stratégie de développement du tourisme 2015-2020, le gouvernement avait mis en place en 2018 le dispositif dit de la « Route des 36 mois ». Ce dispositif d’admission temporaire permettait aux plaisanciers d’origine étrangère de naviguer dans les eaux polynésiennes en exonération totale de tous droits et taxes, et ceci pour une durée maximale de trois ans, renouvelable sans limite. Jo&Jo en avait profité, avec une sortie vers les îles Cook (appartenant à la Nouvelle Zélande) et retour en Polynésie début octobre 2019.

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Le 9 juillet 2020, le Conseil des ministres a voté la restriction de ce régime d’admission temporaire des navires de plaisance étrangers stationnant en Polynésie française. Le séjour est raccourci d’un an, passant désormais à 24 mois et ne sera renouvelable qu’après avoir passé une période de 6 mois minimum en dehors des eaux polynésiennes.


Cette restriction s’inscrit dans un mouvement de plaintes issues de riverains, de touristes ou d’entreprises locales, aggravée par la situation du Covid avec la présence permanente de certains navires sur les différents lagons, coupables tous trouvés selon eux de la détérioration de la beauté naturelle des paysages polynésiens.

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En face de notre ponton est venu s’amarrer un grand clipper de 60 pieds (18 mètres) avec un skipper adulte et 6 jeunes adolescents « bien comme il faut ». Sur la bôme est écrit « JMJ a la voile.com ». Vu l’âge du capitaine, il ne s’agit pas de Jean-Michel Jarre qui s’est mis à la plaisance. Ce sigle est - en vérité je vous le dit - les « Journées Mondiales de la Jeunesse », avec le projet de cathos intégristes de rejoindre le pape François au Panama en 2019 sur 3 voiliers depuis la France. L’un d’eux - l’exultet (exultation) - a poursuivi sa route jusqu’à Tahiti.


Donc pas de chants magnétiques du pape de la musique électronique, mais des chants liturgiques à longueur de journée… Chaque jour est rythmé sur le pont par quatre temps spirituels : les laudes vers 7 heures, la messe de midi pour bénir le repas, les vêpres en fin d’après-midi, et les complies avant de se coucher. A croire que le casting de ces jeunes marins s’est plus fait à The Voice qu’au cours des Glénans…


Et à entendre l’Ave Maria trois fois par jour, on se dit qu’ils auraient pu aussi laver Jo&Jo et plonger sous le bateau pour le curer.


Ils nous quitteront au bout de quatre jours, non sans avoir célébré une dernière action de grâce et partir Dieu sait où…


Ce qui est rassurant, c’est que, malgré ce voisinage, Sylvie n’est pas devenue folle de la messe…


Nous retrouvons nos habitudes dans ce Papeete devenu familier et dont nous connaissons chaque rue ou presque.


C’est l’occasion de changer de point de vue et de prendre de la hauteur pour grimper à pied jusqu’au belvédère, qui culmine à plus de 600 mètres. Nous nous faisons déposer sur un parking qui sert de départ à une montée continue de 5 kilomètres avec une pente de près de 11 %.


La petite route taillée à flanc de montagne est ombragée. C’est un lieu calme et très prisé des Tahitiens qui viennent ici marcher, courir, faire du vélo.


Les voitures y sont rares et l’étroitesse de la route ne permet pas de se croiser partout.

Près de deux heures de montée sous des arbres majestueux, au milieu d’une jungle de forêt primitive qui recouvre les montagnes et les ravins de ces pics volcaniques.


L’été austral est arrivé et les températures ont grimpé depuis plus de 10 jours en journée vers les 32 degrés. La pluie ne s’est pas encore invitée et le temps est clair, idéal pour cette randonnée sur le belvédère.

Cette route est la seule manifestation de la main de l’homme dans ce décor sauvage, opportunément ombragé par cette chaude journée de fin novembre.


Il y règne un silence et une paix propices aux légendes dont sont friands les polynésiens. Même les bornes kilométriques semblent avoir une âme et en oublient leur fonction première de nous dire où l’on se trouve.

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Le belvédère offre un panorama magnifique sur la baie de Papeete et l’île de Moorea au loin, coiffée de nuages blancs, faisant oublier la fatigue de la montée.

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Depuis ce belvédère, la petite route se transforme en chemin de montagne et se poursuit sur des crêtes pendant près de 9 kilomètres jusqu’au mont Aorai qui culmine à 1800 mètres.

Un refuge permet de s’y reposer.


Certains passages sur des crêtes nécessitent de s’agripper à des cordes pour ne pas dévaler les pentes de part et d’autre.


Ce sera pour une autre fois, avec un équipement plus adapté à la randonnée extrême.


Depuis notre vue sur Papeete et sa passe d’entrée, nous voyons distinctement les installations portuaires et même le mât reconnaissable de Jo&Jo dans la marina en contrebas.

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Nous arrivons enfin au but, le restaurant O Belvédère, un lieu atypique puisque cette position de restaurant de montagne a donné l’idée au propriétaire de proposer des spécialités savoyardes : fondues aux fromages ou à la viande, tartiflettes, raclettes, fondues au camembert.


Notre table nous attend en bord de terrasse ombragée.

Il ne manque que la neige, les remontées mécaniques… et la doudoune !


Le temps de prendre une bière bienvenue après les efforts et nous allons plonger dans la piscine à débordement juste en dessous.

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Nous choisissons une délicieuse fondue au beaufort-emmental-comté avec de belles morilles – gare aux morilles ! – devant ce panorama de rêve en se disant une nouvelle fois que nous sommes des privilégiés.


Ici, il fait beau et les restaurants sont ouverts. En plus, les gens sont sympathiques…


En ce dimanche, un animateur passe de table en table pour proposer de choisir des chansons qu’il interprètera.


Nous choisissons sans hésiter « Emmenez-moi » de Charles Aznavour, avec une dédicace pour le leitmotiv du refrain « il me semble que la misère serait moins pénible au soleil ».


Pas la meilleure interprétation entendue - clin d’œil à Bernard - mais moment de communion avec les autres convives du restaurant autour de ce standard incontournable en un pareil lieu idyllique.

Plus tard, l’animateur interprètera à notre demande la chanson « Bella Ciao », en souvenir du mariage de Jonathan et Cristina à Barcelone en 2019, sur une chorégraphie aquatique de Sylvie se prenant un temps pour Esther Williams…

Diantre, des pirates !


Un drôle de bateau - un patrouilleur rapide - a fait irruption dans le port de Papeete, arborant à sa proue un drapeau noir avec une tête de mort.

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Il s’agit de l’Ocean Warrior, le dernier de la flotte de 8 navires de l’Organisation Non Gouvernementale Sea Shepherd Conservation Society. Le crâne représente la mort que les hommes infligent à la vie marine avec, sur son front, un dauphin et une baleine en forme de yin-yang symbolisant l'équilibre naturel des océans.

Dessous, se trouvent une crosse de berger et le trident de Neptune qui représente l'approche interventionniste et musclée de cette ONG agissant au niveau mondial.

Elle est particulièrement engagée dans la lutte contre la pêche illégale, la chasse à la baleine, la chasse aux dauphins au Japon, la chasse aux globicéphales aux îles Féroé, la chasse aux phoques et la surpêche liée à la pêche industrielle, la pêche aux requins et contre l'usage des filets dérivants.

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Très controversée pour ses méthodes violentes, elle est régulièrement poursuivie en justice.


Il n’est que de lire le jugement de la cour d'appel de San Francisco, décrivant ainsi Sea Sheperd : « Il n'est pas nécessaire d'avoir une jambe de bois ou un bandeau sur l'œil. Quand on percute des navires, qu'on lance des conteneurs d'acide, qu'on jette des cordes renforcées d'acier dans l'eau pour endommager hélices et gouvernail, on est, sans le moindre doute, un pirate ».


Dans un genre plus excentrique encore, un magnifique yacht de 70 mètres de long sous pavillon des îles Marshall nous intrigue avec un immense filet noir sur sa plage arrière.


On imagine aisément un milliardaire ayant installé un practice de golf pour sacrifier à sa passion et surtout la montrer. Ce n’est qu’en passant devant nous que nous aurons la réponse : il s’agit d’un demi-terrain de basket ! De là à penser que ce luxueux navire appartient à l’une des gloires de la NBA - pourquoi pas Michael Jordan - il n’y a qu’un pas…

Nous ne sommes pas restés contemplatifs des bateaux modernes rivalisant de superlatifs et nous avons décidé de partager l’activité reine symbole de la Polynésie.


Car s’il est bien une activité typiquement polynésienne, c’est bien celle de la pratique du va’a, cette pirogue très effilée flanquée d’un balancier. Ces frêles esquifs nous accompagnent dans les lagons depuis notre arrivée en Polynésie.

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Vaʻa est un mot tahitien qui signifie bateau ou canoé. A l’origine, il s'agissait d'un type de pirogue à balancier à rames, utilisée principalement pour la pêche et les voyages sur de courtes distances en Océanie.

La stabilité est assurée par un balancier unique relié à la coque par deux bras en bois.

Traditionnellement, les pirogues polynésiennes étaient fabriquées à partir d'un tronc évidé ou des planches cousues, les parties de la coque étaient nouées avec des liens en fibres de coco.


Plus tard, elles ont été modernisées en utilisant des matériaux composites.

Le rameur est équipé d'une pagaie simple comme en canoé, dont la pale est inclinée vers l'avant.


Les canoés ont une apparence légère, la proue et la poupe sont légèrement incurvées vers le haut, de sorte que seule la partie centrale de la coque repose sur l’eau.


Mais il existe en vérité plusieurs catégories de va’a, de la petite embarcation monoplace pour se déplacer ou pour la pêche, jusqu’à la grande pirogue à voile à double coque de plus de 20 mètres de longueur, pour les voyages sur de longues distances, véritable ancêtre du catamaran.


Les plus grandes consistaient en deux pirogues reliées par des barres transversales au milieu du bateau, abritant une cabane au toit de chaume. Elles ont permis les grandes migrations depuis l’Asie et le peuplement de la Polynésie.

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Aujourd’hui, les pirogues sont en fibre de verre et les pagaies sont en carbone, mais l’allure générale de l’embarcation reste la même, avec le balancier toujours à gauche et une forme incurvée pour une navigation à la fois en lagon et en haute mer.


Taillées pour la course, elles peuvent être à un, trois, six ou douze rameurs. Il y a des rôles bien définis sur le va’a de 6 rameurs comme le cadenceur en premier qui donne l’impulsion, le capitaine en troisième position qui donne le tempo et le barreur en sixième position, les autres suivant les indications du capitaine pour ramer en cadence et changer de côté tous les 10 coups de rame.

La grande compétition internationale de pirogues polynésiennes Hawaiki nui va'a se tient en octobre ou novembre, dans l'archipel des îles sous le Vent.


Elle se découpe en trois étapes successives, une par jour, reliant les îles de Huahine, de Raiatea, de Tahaa et de Bora-Bora.

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La distance moyenne parcourue est au total de 125 km en moins de 10 h, répartie sur 3 jours successifs.

La première étape relie Huahine à Raiatea : c'est une course de haute mer d'une distance de 44,5 km. Le record de l'étape est de 3 h 11 min.

La seconde étape relie Raiatea à Tahaa : c'est une course de vitesse à l'intérieur du lagon, qui contourne l'île de Tahaa, sur une distance de 22 km. Le record de l'étape est de 1 h 50 min.

La troisième étape relie Tahaa à Bora-Bora : c'est une course de haute mer d'une distance de 58 km. Les meilleures équipes parcourent cette distance en moins de 4 h 11 min.


Rien d’aussi extrême pour nous et nous nous contenterons d’une initiation sur un va’a à 3 places.


Après un quart d’heure de partie théorique sous la forme de la présentation de l'embarcation, du vocabulaire polynésien, de la tenue de la rame et des conseils de sécurité, nous embarquons pour près d’une heure de navigation. Notre coach s’appelle Milton. Le va’a est sa passion depuis 35 ans et il s’applique à transmettre à la fois la technique de la discipline et aussi l’apprentissage de la nature à plusieurs groupes d’enfants et d’adolescents chaque jour.


C’est un ancien champion local qui a gagné quelques courses d’importance par le passé.


Les débutants que nous sommes sont très vite familiarisés avec l’engin et nous nous lançons sur les flots par une très belle fin d’après-midi.

Pour ce cours particulier dans le lagon entre Faa’a et Punauia, nous avons droit à un trajet à la carte.


Un lieu proche, appelé l’Aquarium, est connu pour abriter les épaves d’un petit avion de tourisme et de deux bateaux, par cinq mètres de fond. La clarté de l’eau permet de les observer très nettement.


C’est en avril 1995, en bout de piste de l’aéroport de Tahiti Faa’a, que le moteur de l’avion Cessna s’arrête à la suite d’une erreur de son élève pilote, parti en vol solo. Il réussit un amerrissage à une centaine de mètres du seuil de la piste et s’en sort sain et sauf.


Une équipe de plongeurs est envoyée sur les lieux quelques jours plus tard mais l’épave n’est plus là, elle a été déplacée par les forts courants présents dans cette partie du lagon. Elle est retrouvée et déplacée un peu plus loin pour ne pas entraver la circulation des bateaux dans le chenal.

Nous nous dirigeons ensuite vers le récif, au plus près et à l’abri des grandes vagues déferlantes qui viennent se briser sur le platier de corail, avec l’île de Moorea en toile de fond. Sauvage, magique, impressionnant, le temps s’arrête pour nous offrir le spectacle de la nature en cinémascope 3D et du son dolby surround…

Le retour à la base se fera sur un rythme parfaitement maîtrisé. Pour un coup d’essai, c’était parfait. A refaire quand l’occasion se présentera…

Venir et vivre à Papeete, c’est mettre les pas dans ceux de personnes célèbres du show-business grisés par « la fièvre du Pacifique », trouvant dans ce lieu éloigné un havre de paix où leur notoriété ne les a pas encore précédés.


L’article précédent du blog citait Marlon Brando, tombé amoureux de sa partenaire du film « Les révoltés du Bounty » et de la Polynésie tout entière. On peut également relater l’arrivée de Jacques Brel aux Marquises et qui, lors des formalités douanières, s’est vu répondre : « Brel, comme le chanteur ? »


Face à la marina de Papeete, le bar-restaurant-lounge Le Rétro est une institution incontournable, au pied du centre Vaima, en plein cœur de ville et bord de mer.

C’est dans cet endroit que Joe Dassin a vécu ses derniers instants en août 1980 avant de succomber à une crise cardiaque.


Il était arrivé deux jours plus tôt, souffrant déjà d'un ulcère à l'estomac et semblant se remettre de son accident cardiaque survenu un mois plus tôt et qui l'avait obligé à interrompre sa tournée estivale dans le midi de la France.


Amoureux de la Polynésie, il y avait même acheté en 1973 un terrain de vingt hectares sur l'île de Tahaa, aux îles sous le vent.

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Habillé de son éternel pantalon blanc et d’une chemise rouge à fleurs, il déjeune local d’un poisson cru à la tahitienne, de riz à la noix de coco, de papaye et de jus d'ananas. Quand soudain, il se met à transpirer, devient pâle, une douleur indescriptible lui déchire le visage. Il s'écroule.


Un docteur dans la salle tente aussitôt de le réanimer, mais son verdict est sans appel : "Il n'y a plus d'espoir." Il laissera deux enfants, Jonathan et Julien de 5 et 18 mois.

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Le lieu est - encore de nos jours - marqué par une plaque commémorative avec la promesse de créer une esplanade en l’honneur du chanteur. C’était il y a 10 ans.

Quand on voit l’esplanade de la nouvelle capitainerie qui elle, est terminée depuis près d’un an et qui attend toujours d’être inaugurée, on peut douter du succès de l’entreprise.

Reste que les mélodies de ce chanteur populaire sont encore dans toutes les mémoires.


Avec les restrictions de circulation en Europe et les incertitudes sur les vols et la possibilité de revenir en Polynésie depuis de la métropole, nous nous faisons une raison et une sagesse de reporter notre venue en France et à Barcelone de mi-janvier à début mars.


Du coup, cela laisse 3 mois pour naviguer et découvrir de nouvelles îles. Le projet de visiter l’archipel des Marquises se fait de plus en plus précis. Cartes marines et fichiers météo à l’appui, nous nous lançons dans des simulations pour trouver la meilleure route en fonction du vent.


Car aller aux Marquises n’est pas facile. Les alizés d’est sont quasi permanents et contrarient toute route directe. De plus, la distance est si grande - 760 miles en ligne directe, soit près de 1500 km - qu’il faut privilégier la voile et la force vélique et réduire l’apport des moteurs au strict nécessaire. Avec une estimation de vitesse à 9 km/h, cela représente 7 jours et 7 nuits de navigation. De plus, il faut prévoir de tirer des bords, ce qui rallonge d’autant la distance et la durée du voyage.


Heureusement, il y a sur le chemin l’archipel des Tuamotu, qui offrira une bonne étape pour se ressourcer avant d’entreprendre la traversée la plus grande.


Nous choisirons un premier stop à Rangiroa ou sur la partie nord de Fakarava, restant une semaine minimum dans les Tuamotus, avant de nous diriger vers l’est pour prendre ensuite des vents favorables pour atteindre l’île de Faku Hiva, la plus au sud de l’archipel des Marquises.

Cela suppose une veille continuelle jour et nuit et nous optons sur une solution que choisissent de nombreux marins : embarquer un équipier pour répartir et soulager les tâches de chacun.


Il existe un site internet « la bourse aux équipiers » qui permet à chacun de croiser les besoins entre skippers et équipiers. Notre projet trouve écho en la personne de Jessica, 29 ans, vivant à Papeete, qui quitte son poste de directrice artistique dans une agence de communication et qui veut s’offrir 3 mois de césure sabbatique en visitant les Marquises.


Elle n’est libre que le 21 décembre mais pour nous rien ne presse. Le vent n’est de toute façon pas favorable avant le 15 décembre et nous allons profiter de la quinzaine pour nous établir à Taravao, dans la baie abritée de Phaéton, au bord de l’isthme qui sépare Tahiti Nui de Tahiti Iti, la grande et petite île de Tahiti.


Jessica n’a pas une grande expérience mais elle est sympathique et volontaire. Le vendredi 4 décembre, elle embarque à bord pour deux jours jusqu’à Taravao, pour prendre connaissance de Jo&Jo et valider le projet de passer deux mois ensemble jusqu’aux mythiques Marquises…


Six heures de navigation parfaite, alternant voile et moteur, calme plat et mer formée par des vents de plus de 25 nœuds, soleil et pluie, permettent de se frotter en peu de temps à différentes conditions très contrastées.

L’arrivée dans la baie de Phatéon sera même animée en fin de soirée par le décrochage du bateau malgré ses 30 mètres de chaine par 8 mètres de fond de vase, à la suite d’un grain violent venu s’abattre par l’effet venturi que provoque le vent en passant entre les montagnes des deux îles.


Interrompant notre partie de « 6 qui prend », nous nous sommes attelés à la manœuvre en pleine nuit et sous la pluie, trouvant une nouvelle place entre la cinquantaine de bateaux au mouillage dans ce lieu, avant d’aller dormir non sans avoir activé l’alarme de mouillage.


Cette fois-ci Jo&Jo ne bougera plus d’un pouce…

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Nous allons passer une quinzaine de jours dans cet endroit si préservé qu’aucune route ne fait complètement le tour de Tahiti Iti. Les insulaires se sont toujours opposés à sa construction, ce qui fait en fait le lieu le plus authentique et sauvage de Tahiti.

 
 
 

1 commentaire


Patrick Poul
Patrick Poul
09 déc. 2020

La Orana,

Bonjour les Amis et bonjour Jessica

Un grand plaisir une nouvelle fois de suivre les aventures de JOetJO et de son équipage. Nous découvrons une nouvelle facette de Tahiti, il y a encore plein de choses a voir, a découvrir, a tester surtout la fondue sous ces latitudes...

J'imagine que le Va'a ce n'est pas simple et on doit vite s'épuiser, quand je pense que certains font des compétitions en pleine mer sur de telles distances je ne sais pas à quoi ils carburent ! mais certainement pas au Mana'o ...

D'après ce que je lis toujours pas de moteur d'annexe en vue, c'est fou ! quel rythme de vie mais ils ont surement raison, pas de risqu…

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