26 – Retour à Papeete
- Jo et Jo

- 14 août 2020
- 7 min de lecture
Après 6 semaines aux Tuamotu, il nous fallait revenir pour préparer la visite de Sylvie et Stéphane et procéder à quelques aménagements sur Jo&Jo.
Nous avions passé la commande de coussins confortables et adaptés aux dimensions du carré extérieur avant notre départ. Ils nous attendaient à l’arrivée. Agrémentés de coussins multicolores, ils sont désormais du plus bel effet.
Le siège de navigation a subi le même relookage et deux grands coussins sont également installés à l’avant pour les bains de soleil.

La ville de Papeete est assez étendue et pour trouver les quelques équipements d’accastillage et de bricolage, il faut arpenter les rues dans tous les sens, et trouver finalement dans les 5 échoppes spécialisées un peu plus de la moitié des articles désirés.
Le reste devra faire l’objet de commande sur des sites internet à ramener de métropole…
Heureusement, il y a le mini vélo pliable qui permet de se déplacer avec le sac à dos. Maintenant que la ville nous est bien connue, on peut, pour paraphraser Bourvil, affirmer que sans boussole nous nous guidons (de bicyclette) !
L’aménagement de notre coffre à l’avant permet maintenant de ranger plus facilement les jerricans d’eau douce, les cordages et surtout notre machine à laver que nous avons appelée R2D2, pour sa ressemblance avec le robot de Star Wars. Cela nous rappelle notre « Star Vart », maître à danser du Quadrille Français qui, à l’occasion d’une animation de bal, s’est naturellement fondue en Maître Yoda avec un Obi Wan Kenobi plus vrai que nature…
Cet appareil, de fabrication canadienne, acheté à Fabrice et Isabelle nos voisins de marina à Papeete, a la particularité d’une taille réduite et d’un fonctionnement entièrement manuel si l’on peut dire puisque le tambour est actionné avec le pied.
Cela reste un moindre substitut d’une vraie machine à laver avec ses 3,5 kilos de linge mais il permet de rafraichir les tee-shirts et le petit linge.
Autre avantage de ce produit, il procure une énergique séance de step en musclant les mollets et les cuisses durant une séance de 30 minutes.
Papeete est aussi l’occasion de faire le plein de courses et de trouver tous les produits frais, fruits et légumes, qui sont si rares aux Tuamotu.
Le marché est une véritable institution, avec une vie grouillante et sympathique, en particulier le dimanche, mais attention aux horaires. Le choix appartient à ceux qui se lèvent tôt…
Ce lieu central possède des boutiques, un restaurant et beaucoup de petits snacks où on trouve des plats préparés mais on vient surtout ici pour le frais.
Le touriste n’est pas oublié et des stands proposent de l’huile de monoï, des bijoux fantaisie, des colliers de coquillages, des paréos, des fleurs…
Le marché aux poissons en particulier vaut le détour et le choix varie en fonction de la pêche.
On y trouve beaucoup de thon rouge ou blanc, de l’espadon, mais aussi du mahi-mahi (dorade coryphène), du thazard, de la bonite, des rougets, des poissons perroquet, des korori (muscle de l’huitre perlière), parfois des langoustes et des cigales de mer mais il faut arriver très tôt le matin.
C’est une joyeuse ambiance qui résume à elle seule l’esprit de Polynésie.
A côté du stand où l’on trouve la noix de coco sous toutes ses formes (entière, en quartiers, en râpé, sous forme de lait ou d’eau de coco), un stand ouvert uniquement le dimanche extrait le jus de canne à sucre devant nos yeux et offre un « pur jus de canne » (attention à la contrepétrie, repérée en décembre par notre ami Jean-Louis) des plus délicieux, à boire seul ou avec du rhum local.
Nous avons fait la connaissance de Sylviane, une couturière qui vend des paréos sous les arcades au bord du marché et nous lui confions beaucoup de petits ouvrages pour l’aménagement de Jo&Jo. Bon travail, pas cher et avec le sourire…
Nous en profitons pour faire réajuster nos vêtements à notre nouvelle taille polynésienne qui a fondu au soleil et sous les effets d’une nourriture moins riche.
Le carré intérieur reçoit la parure très colorée de tissus bleus ornés de fleurs de tiare trouvés au marché et retouchés par Sylviane.
Quelques éléments de décoration, à la manière des tatouages maoris, viennent compléter notre pièce à vivre, bien que nous passions le plus clair de notre temps au dehors.

D’autres éléments de décoration sont venus personnaliser Jo&Jo dans le carré et dans les coursives.
Au-delà de l’agrément, c’est également le gréement qu’il faut inspecter. Un bout de lasy-jack (dispositif permettant de guider la grand-voile lorsqu’elle est hissée) étant effilochée, le capitaine prend de la hauteur au moyen de la chaise de mât pour changer le cordage défectueux, aux bons soins du lieutenant à la manœuvre du winch.
Cet ensemble de petits travaux ne nous empêche pas une vie mondaine et c’est avec grand plaisir que nous retrouvons Els et Jean-Christophe, du voilier Aquarius avec qui nous avions passé le confinement à Huahine.

Nous recevons également Jean-François et Valentin, les compagnons de plongée à Tikehau et faisons la connaissance de Sandie, la maman, pour un apéritif dinatoire autour d’un rhum local et d’une bonne bouteille de Montagny blanc.

L’annexe, qui souffre d’une petite fuite sera réparée sur le ponton tandis que la bâche qui la recouvre subira quelques petites réparations de rapiéçage qui s’imposent.
Jo&Jo est fin prêt pour repartir vers de nouvelles aventures et accueillir nos futurs visiteurs. La « poupette » (notre danseuse tahitienne attitrée de Jo&Jo) se trémousse dans son nouveau décor fleuri, sous le regard des deux dauphins, emblèmes de notre catamaran.

Nous louons une voiture pour effectuer les dernières courses au grand supermarché de Punauaia et remplir le chariot pour pouvoir accueillir Sylvie et Stéphane à l’aéroport.
Nous croisons au stand poissonnerie un spécimen de poisson dont les yeux trahissent encore l’étonnement de se retrouver sur un lit de glace, matière qu’il n’a jamais connu sous de telles latitudes…

Un dernier check par skype pour s’assurer que tout va bien, que les tests Covid sont négatifs, que les formalités administratives sont bien remplies (il faut déclarer les lieux et dates du séjour à l’entrée sur le territoire pour venir nous voir), et acheter de notre côté les colliers de fleurs traditionnels pour l’arrivée à Tahiti et nous nous préparons à une courte nuit.
Le vol FrenchBee a fait une escale à Vancouver, au Canada, plus courte que celle de San Francisco. Le résultat est que nos invités mettent le pied sur le sol polynésien à… 3h30 !
Nous les reconnaissons malgré leur masque… mais ils vont vite adopter la tenue qui sied au fénua. Venir à Tahiti, c’est voyager léger avec des valises minimalistes…
Le décalage horaire de 12h00 pour les uns et le manque de sommeil pour les autres augurent d’un jeudi très horizontal…

Nous passons deux jours d’acclimatation avant de partir pour les îles. Ce sera l’occasion de faire quelques emplettes, tee-shirts locaux, masque et tuba et quelques denrées de bouche pour compléter les quelques fromages, charcuteries, champagne et alcools dont nous avions passé commande.
Car ici, c’est hors de prix, jugez plutôt : une bouteille de vrai pastis de Marseille ou Ricard coûte 60.000 francs pacifiques (soit 50 euros) au lieu de 17 euros au Duty Free. Idem pour les whiskies, le champagne… En Polynésie on comprend vite qu’il faut consommer local et apprécier la bière Hinano et les rhums – excellents - de Tahaa, beaucoup plus abordables.
Cette année, avec la crise sanitaire, pas de Heiva, cette grande fête dont le point d’orgue est le concours de chants, de danse et de costumes. Mais le besoin de la fête est le plus fort et la Maison de Culture de Papeete a l’excellente idée de reproduire pour deux soirées le spectacle de la compagnie O Tahiti E, lauréat lors du Heiva 2019.
C’est un spectacle magnifique de plus de deux heures, avec une salle pleine et un public de 400 personnes qui a mis le masque pour respecter les règles en vigueur dans les lieux publics. Pour le temps d’une photo pendant l’entracte, nous enlèverons le masque…
Un moment d’enchantement comme en témoignent les photos et les vidéos ci-dessous.
De nombreux costumes en feuilles et fleurs naturelles, un orchestre traditionnel avec percussions, guitares et yukulélés, avec des chœurs. Les chorégraphies s’enchainent, parfaitement exécutées avec une apparente aisance déconcertante.
La compagnie O Tahiti E remporte régulièrement des prix lors de Heiva annuels.
La première partie du spectacle reprend les plus grands succès des années précédentes, sans suite logique, avec des scènes uniquement féminines, mixtes ou en solo.
La seconde partie raconte une histoire.
Celle du savoir, transmis de génération en génération depuis la nuit des temps. Une vieille femme est sur le point de mourir. Si elle ne transmet pas ce savoir reçu de son père à son tour, il serait perdu pour les générations futures. En effet, les changements intervenus depuis sa tendre enfance l'inquiètent profondément. Elle a vu des gens débarquer de toutes parts pour imposer leur religion et leur coutume. La société de ses parents est en train de mourir. Elle a pensé à sa petite fille Terita pour sauvegarder l'héritage des ancêtres. Car parmi les générations issues d'elle, elle est la seule à prendre conscience de la gravité de la situation. Ce savoir lui a été légué par le souffle au terme du rite du 'aepau, la transmission de l'ultime souffle au moment de la mort de son père. Elle avait de ce fait préparé sa petite-fille pour prendre la suite. Elle devait poser ses lèvres sur les siennes pour capter son hā, la dernière expiration. Le savoir transmis vient ainsi enrichir le aho ora, l'essence de la vie insufflée dans les narines par le père à la naissance. Terita, la petite-fille, a donc accepté d'absorber le 'aepau de sa grand-mère, dans le but de le transmettre à son enfant et que celui le transmette à son tour au sien, pour continuer le cycle sans fin de la transmission du souffle éternel de la vie.
De cette histoire, de la mort de la grand-mère à la naissance d’un bébé, signe de la transmission future (un vrai bébé sur scène), le spectacle égrène de virevoltantes danses rythmées et sensuelles qui ont fait la renommée de la danseuse polynésienne.





























































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