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25 – Fin de séjour à Rangiroa

  • Photo du rédacteur: Jo et Jo
    Jo et Jo
  • 27 juil. 2020
  • 10 min de lecture

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Nous n’avions pas terminé notre séjour à Rangiroa pour autant (qu’en emporte le vent, car c’est lui décide de nos navigations). Après ce 14 juillet et le défilé des dauphins dans la passe de Tiputa, nous ne pouvions partir sans les voir de près et découvrir les autres endroits remarquables de l’île.

De retour à terre au Relais de Joséphine, nous empruntons des vélos pour visiter Avatoru, le village principal distant de 12 km. Vélos hollandais comme en trouve partout ici, avec rétropédalage en guise de frein, et aucune vitesse, de toute façon inutile compte tenu du relief de l’atoll.

Avatoru peut être justement considérée comme la capitale des Tuamotu, plus grand village de la plus grande île, et forte de ses 970 habitants. Pour situer le niveau d’équipement, il n’y a que deux épiceries et aucun distributeur de billets en ce lieu, il faut se rendre à l’aéroport pour en trouver un.

La mairie donne le ton de l’endroit avec ses dauphins en frontispice du portail d’entrée.

Nous ferons la visite de la Cave de Tahiti et prenons rendez-vous pour assister le soir à une présentation de l’histoire du domaine avec dégustation de 4 vins et 2 rhums de la propriété. Notre intention étant d’acheter quelques flacons, nous troquons dans l’après-midi nos bicyclettes bleues pour un engin électrique très fun, dont le nom seul judicieusement placé assure plus de 150 points au Scrabble : Twizzy…

Ce 15 juillet marque le retour des touristes et le premier vol international depuis la France. La crainte d’une introduction du virus Covid-19 dans une Polynésie totalement épargnée ravive les inquiétudes et la suspicion envers les étrangers. Les mesures barrières sont remises en place et le port du masque devient obligatoire dans les lieux clos ouverts au public. Cela modifiera le cérémonial de dégustation par l’installation à l’extérieur du panel de bouteilles et le respect des distances entre personnes.

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Nous avons la chance d’être accueillis par Sébastien, le maître des lieux, seul œnologue et responsable de la production de la seule vigne de Polynésie.

Venu en 2002, il a formidablement amélioré la préparation des sols par des cartographies préalables, le choix des cépages (plus de 50 testés) et les techniques de vinification.

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De 2,5 hectares à l’origine, le domaine fait actuellement plus de 6 hectares et fête cette année ses 25 ans d’existence.

Les seuls prédateurs de la vigne sont les crabes. Ici, le mildiou (maladie de la vigne) ne sévit pas alors qu'en métropole c'est un fléau pour les viticulteurs.


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Quatre cépages principaux sont cultivés sur le domaine : le carignan, l'Italia, le muscat de Hambourg et le grenache.

Quatre vins sont aujourd'hui commercialisés : le rosé, le moelleux, le vin de corail et le Clos du récif. Au total, 35 à 40 000 bouteilles sont produites par an.

Sébastien cherche encore aujourd'hui à améliorer la qualité.


Le Clos du Récif, sorti en 2013 est devenu un produit phare du vignoble, partiellement vieilli en fut de chêne. Nous lui avons trouvé un surprenant goût de coco.

Les vignes de Rangiroa ne produisent pas de rouge, pour des raisons climatiques. En climat tropical avec des pluies très importantes qui peuvent dégrader la qualité des raisins, on ne peut pousser la maturité très loin pour faire du vin rouge. C’est pourquoi c’est du raisin rouge à la maturation moins poussée qui produit les vins blancs du domaine.

En métropole, la vigne est vendangée une fois par an à la fin de l'été. A Rangiroa, on vendange tous les cinq mois. Le vin est ensuite acheminé par bateau en cubitainer de 1000 litres, mis en bouteille à Tahiti puis stocké en chambre froide.

La dégustation s’est terminée par le rhum Mana’o de Tahiti et de Rangiroa. En fait, il s’agit du rhum élaboré par Olivier, de l’île de Tahaa que nous connaissons bien.

Là encore, à partir d’une sélection scrupuleuse des plants de canne à sucre, les rhums produits depuis maintenant 4 ans ont acquis une renommée mondiale et remporté de nombreux concours. Il va sans dire que ce sont nos préférés ici, les polynésiens se contentant souvent de rhums « antillais » ou « doudou » aux étiquettes douteuses et aux compositions plus ou moins frelatées vous assurant un bon mal de tête.

Rien de cela pour cette agréable dégustation en plein air, masque ôté pour humer et goûter ces produits atypiques sous les cocotiers.

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Le lendemain, revenant au Relais de Joséphine pour consulter nos messageries, nous faisons la connaissance de Corinne et Jean-Robert, venant prendre le « relais » justement de Séverine pendant 6 mois. Ils viennent d’arriver depuis Paris avec le premier vol commercial non suivi de mesures de quarantaine. Ils ont fait les honneurs de la première page de « La Dépêche de Tahiti », pris en photo depuis l’aéroport de Tahiti-Faaa et dont nous reproduisons l’interview :

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« Corinne et Jean-Robert, fraîchement débarqué du vol Air France, sont résidents du fenua et habitent six mois par an à Rangiroa. Ils patientent sagement au snack lorsque nous venons les aborder, après 20 heures de vol. Copropriétaires des Relais de Joséphine, pension de famille de l’atoll, Corinne et Jean-Robert, Parisiens l’autre moitié de l’année, sont arrivés plus tard que prévu.

Ce vol masqué, ce fut une horreur, confie Jean-Robert. Si vous croisez des gens avec les oreilles décollées, ils viennent du pays du coronavirus, s’amuse-t-il.

Ce ne fut pas évident de faire un test avant, les laboratoires à Paris sont pris d’assaut, on a embarqué le 14 juillet, il nous a fallu faire le test samedi et un samedi, trouver un labo, ce n’est pas facile, poursuit Jean-Robert. Tous ces tests, c’est très bien, complète Corinne, surprise elle aussi de l’arrivée des touristes nord-américains.

En effet, dès le lendemain, l’arrivée des premiers touristes américains, pays aux 136 000 morts du coronavirus à ce jour, fait peur même si le gouvernement a rendu obligatoire le port du masque. Chacun se demande pourquoi on a réouvert les frontières alors que la situation aux États-Unis est absolument critique et chaotique. Faut-il y voir une pression de la toute-puissante Bora-Bora, île absolument sinistrée et ne vivant à 80 % que de la manne touristique américaine ?

Toutes les brochures touristiques vantent la beauté du « lagon bleu », un petit lagon enchâssé à l’intérieur du lagon principal, non accessible en bateau et véritable site protégé des prédateurs pour les petits requins à pointes noires qui peuvent s’y développer en toute sécurité.

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Nous choisissons une excursion organisée pour une journée « tout compris », par un temps idéal et à un prix bradé, comme tout ici en ce moment de disette.

La vedette rapide vient nous chercher directement sur Jo&Jo et une heure plus tard nous voici devant le lagon bleu.

Avant d’y pénétrer, nous plongeons en snorkeling parmi les requins les plus gros qui viennent tourner autour de nous.


Ce petit lagon peu profond est un enchantement. L’eau y est chaude et transparente.

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Les quelques motus sont aménagés pour recevoir les visiteurs, avec des paillotes et des barbecues. Tandis que le petit groupe part s’ébrouer dans les eaux limpides au milieu des petits requins, le staff prépare le repas à base de pain coco, de poulet et d’espadon marinés grillés, et de poisson cru au lait de coco.

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Le repas terminé, les dames se verront offrir un sac tressé en feuilles de palmier des plus seyants pour une sortie dans la capitale des Tuamotu.

Les filles, sous l’impulsion de notre animatrice Vaiana, s’essaieront à une chorégraphie endiablée sur le sable, avec la musique « Jérusalem » qui passe en boucle sur les ondes de Polynésie.

Le retour nous amènera à la passe de Tiputa pour apercevoir les dauphins jouant avec les vagues devant le bateau, dans le mascaret de la marée entrante.

C’est devenu un rituel chaque fin d’après-midi qui a rendu ce lieu célèbre dans le monde entier et permet d’étudier ces mammifères marins si sociables dans des conditions idéales.

Ils seront au rendez-vous et viendront sauter devant nous avec ce goût du jeu qui leur est propre. Nous les quittons pour rejoindre l’aquarium, un lieu où des milliers de poissons se laissent approcher, au pied du motu Nuhi-Nuhi, à deux pas de notre catamaran ancré tout proche.

Samedi 18 juillet. Rendez-vous au club de plongée de Claudio, le chilien. Le temps est toujours aussi calme, avec un lagon sans ride et une mer d’huile. Nous sortons avec Céline et son fils Moana (qui signifie océan en polynésien) vers le récif extérieur, dans l’espoir de croiser enfin des dauphins.

Après 30 minutes de plongée et à près de 18 mètres, en voici deux qui approchent et viennent jouer avec nous. Ce sont eux qui décident de se montrer ou pas, d’approcher, parfois de se laisser caresser. Moment magique, émotion garantie (à en pleurer dans le masque, selon l’expression consacrée).

La rencontre a été filmée avec la caméra GoPro qui n’est plus étanche à une telle profondeur sans caisson adapté.

Le caisson de l’ancienne caméra, bien que bricolé, ne permettra pas un alignement parfait de l’objectif et produira cette impression de filmer la scène depuis un sous-marin, un peu comme dans le Nautilus du capitaine Nemo.

Face à ces deux dauphins venus danser devant nous, comment ne pas penser à un hommage particulier de leur part à notre bateau « Jo&Jo » justement représenté par deux dauphins ?

Juste après cette rencontre qui a duré plus de 5 minutes, 4 autres grands dauphins sont passés au-dessus de nous, à quelques mètres de profondeur.

Parmi la faune que l’on peut admirer en plongée, le spectacle des dauphins venant jouer et le « vol » des raies mantas restent les spectacles les plus fantastiques et émouvants.

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La fin du parcours nous ramènera du grand bleu vers le tombant de corail où nous verrons une murène, bien moins avenante et moins sympathique, nous regardant de ses yeux vitreux.

Un beau spécimen bien calé dans son trou à qui nous n’avons pas fait la conversation…


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Nous attendons les vents favorables mais surtout une houle pas trop formée (les fichiers météo annoncent des creux de 3 mètres dans les prochaines 72 heures) avant de reprendre la route de Papeete. L’expérience de l’aller a porté ses fruits.


Nous en profitons pour nettoyer le bateau, enlever les algues venues se déposer sur la coque et ranger les coffres en vue de la traversée.

Près de nous, un kite-surfeur s’en donne à cœur joie malgré de nombreuses chutes mais c’est une activité qui ne nous tente pas.

Les poissons nous environnent en permanence, on les voit depuis la cabine et nous les alimentons en restes de nos repas.

Des rémoras - ou poissons-pilotes - sont particulièrement voraces et rapides et mettent en coupe réglée la population de poissons chirurgiens, de poissons papillons et autres petits bagnards pour accaparer le festin.

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Ces drôles de poissons avec une sorte de ventouse sur la tête accompagnent les tortues, les raies et surtout les requins en s’accrochant à eux, se laissant transporter et profitant de la nourriture laissée par leur hôte.

Nous en avons dénombré une dizaine évoluant en dessous du bateau pendant le nettoyage de la coque, certains se collant même verticalement à l’intérieur de la dérive du catamaran.

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Le mercredi 22 juillet, nous assistons à une très intéressante conférence sur les dauphins de Tiputa par Pamela Carzon, spécialiste mondiale de ces mammifères marins.

Pamela est la présidente de l’association « Les dauphins de Rangiroa » et mène actuellement une thèse de doctorat sur le suivi scientifique détaillé des effets du tourisme animalier et notamment de la plongée sous-marine sur le comportement des grands dauphins de l'atoll de Rangiroa.

Nous reconnaissons Pamela pour l’avoir vue dans un reportage sur TF1 et France O et nous avons la chance de n’être que 6 spectateurs privilégiés aux Relais de Joséphine à profiter de sa conférence et lui poser toutes les questions.

Dans cet univers impitoya-a-ble du monde sous-marin qui n’a rien à envier à celui des requins du pétrole au Texas, comment ne pas faire le rapprochement (et la comparaison que j’ose est fine) avec Pamela invitée par JR (Jean-Robert) sans la présence de Bobby ou de Sue-Helen ?

Bien entendu, je vous parle d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaitre…

Plus d’une heure trente passionnante et très instructive sur les origines de ces mammifères marins (car ils allaitent leurs petits et sont couverts de poils) et leur évolution depuis des millions d’années depuis leur ancêtre terrien (leurs membre antérieurs - ou nageoires pectorales - ont les mêmes os de l’épaule jusqu’au bout des doigts, ce qui confortera Darwin sur sa théorie de l’évolution des espèces). Le suivi démographique et social de la communauté des grands dauphins de Tiputa, les changements comportementaux observés chez ces animaux dans le cadre de leurs interactions avec les activités touristiques de plongée, ainsi que l'histoire et la personnalité de chaque dauphin fait de Tiputa un lieu unique au monde.

Sur une population stabilisée et identifiée de 29 grands dauphins, chacun possède sa carte d’identité et son caractère. Certains sont sédentarisés à cet endroit, d’autres viennent régulièrement passer quelques temps avec la communauté et d’autres enfin sont des visiteurs occasionnels.

Voici un extrait vidéo présenté lors de la conférence qui parle de l’adoption en plus du sien par une mère « grand dauphin » d’un bébé péponocéphale d’une espèce proche (front plus bombé et absence de bec allongé propre à l’espèce des grands dauphins).

C’est le seul endroit de la planète où les dauphins se laissent approcher et caresser par l’homme en milieu naturel et de manière régulière. Avec le temps et la présence des plongeurs, ces dauphins se sont habitués et sont venus au contact, cherchant le jeu et les caresses pour certains.

C’est ainsi que l’on peut croiser en plongée MAUI, un mâle dominant né en 1983, ZIP, une femelle de tempérament fantasque, née en 2012, CÂLINE de tempérament tranquille, née en 2014, ZÉLIE, de tempérament confiante, née en 2013, ou YUKI, de tempérament espiègle, né en 2017. Chacun a son comportement propre qui sert également à l’identifier. Le grand dauphin peut mesurer jusqu’à 3,50 mètres et peser 400 kilos.


La grande sociabilité, l’opportunisme et le pseudo « sourire » du grand dauphin occultent cependant sa réalité d’animal sauvage, complexe et imprévisible. Il n’est pas par nature « l’ami des hommes », malgré les nombreuses représentations anthropomorphiques voire mystiques circulant à son sujet.

En respectant ses différences, sa sauvagerie, sa liberté et son autonomie dans son milieu naturel, nous découvrons un animal bien éloigné des clichés laissés par Flipper ou Le Grand Bleu qui ne sont que des fictions mettant en scène des animaux dressés pour les parcs de loisirs comme à Antibes et autres delphinariums comme à Moorea.


Petite déception, les deux grands dauphins de 2,50 mètres qui nous ont approchés ne s’appelaient pas Jo et Jo. Ils faisaient partie de la catégorie des visiteurs, ce qui a visiblement intéressé Pamela lors du visionnage de notre propre film.



Le grand complexe hôtelier Kia Ora vient de rouvrir son activité après 4 mois de fermeture pour cause de Covid. Un grand catamaran de 110 pieds (33 mètres) et un yacht de 260 pieds (86 mètres) viennent mouiller près de nous.

C’est le signe que l’activité touristique a repris ses droits sur la Polynésie. Rangiroa va se remplir à nouveau, les tarifs vont augmenter, même si l’on ne peut parler de tourisme de masse dans de telles contrées. L’exclusivité dont nous avons si souvent profité ces derniers mois vient de disparaitre.


Il reste que nous avons connu les atolls de Tikehau et de Rangiroa dans des conditions uniques et tout à fait exceptionnelles.

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Le dernier soir, nous sommes invités par Corinne et Jean-Robert, les co-propriétaires des Relais de Joséphine (et accessoirement les vedettes de la dépêche de Tahiti, premiers touristes métropolitains à fouler le sol polynésien depuis le blocage du pays – voir plus haut).

Nous dégustons un Ti’punch de départ au rhum de Rangiroa et nous assistons à un petit spectacle de chants et de danses traditionnels.

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Au lever du soleil, toujours aussi magique, nous quittons les Tuamotu pour rejoindre Tahiti.


27 heures de navigation au portant, avec une mer agitée mais un ciel sans nuage, et une vitesse moyenne de 8 nœuds (15 km/heure), ce qui est une bonne performance pour notre classe de catamaran.

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Beaucoup de choses nous attendent encore, entre quelques aménagements et des petites réparations avant de recevoir nos visiteurs de l’été.




 
 
 

1 commentaire


samsmith2281337
08 juil. 2021

Beaucoup de photographes, en train de développer leurs compétences photographiques et leurs horizons de connaissances, s'intéressent tôt ou tard à la macrophotographie. Incroyablement, même un débutant peut facilement faire une séquence très colorée et en direct. https://fixthephoto.com/blog/photo-tips/underwater-photography-tips.html

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