23 - Ile de Tikehau
- Jo et Jo

- 1 juil. 2020
- 9 min de lecture

Après plus de six mois passés en Polynésie, exclusivement dans l’archipel de la Société, il fallait bien s’aventurer dans celui qui est le plus vaste, couvrant plus de 20.000 km2 avec ses 78 îles ne représentant une surface totale émergée de 900 km2 seulement, et dont la plupart sont inhabitées et inaccessibles. Cet archipel n’est composé que de 17 communes et n’est habité que par 11.000 habitants.
Il a un nom qui évoque toute la magie et le paradis des atolls : les Tuamotu… Tuamotu signifie en tahitien « les îles au large ». Les habitants des Tuamotu sont les Paumotu, mot qui désigne également leur langue.
C’est en 1521 que Fernand de Magellan découvre Puka Puka, île la plus proche des Marquises et le premier atoll du Pacifique à être découvert par les Européens, près de 250 ans avant que Louis-Antoine de Bougainville, sur La Boudeuse, s'aventure dans ce fantastique labyrinthe sur sa route pour Tahiti. Il faudra encore plus de 50 ans avant que les européens ne terminent l'exploration de l'archipel en 1839.

Ces atolls seront annexés par la France en 1880. Ils sont regroupés géographiquement et forment les archipels du groupe Actéon, des îles du Désappointement, des îles du Duc de Gloucester, des îles du Roi Georges, des îles Palliser ou des îles Raevski.
Un atoll c’est une île pleine d’eau : une mince bande de roches basses, émergeant d’une barrière de corail, plus ou moins continue. Les volcans qui s’enfoncent de leur propre poids dans la croûte terrestre développent en périphérie des coraux qui croissent à mesure pour rechercher la lumière. Dans la phase ultime, le volcan central a complètement disparu et il ne subsiste que l’anneau de corail qu’on appelle un atoll. Souvent des cocotiers poussent sur la terre émergée. Il n'y a ni source, ni rivière, ni lac dans les atolls. La seule façon d'avoir de l'eau douce est de recueillir l'eau de pluie.

IIl y a des atolls de rêve ! Tellement parfaits que, n’ayant pas de passe, on ne peut pas y entrer avec un voilier. Heureusement, il y en a où l’on peut entrer, par une passe plus ou moins large, parcourue par des courants alternatifs, permettant l’accès au lagon.
Les cyclones tropicaux sont peu nombreux, localisés, mais d'une rare violence (vents de 150 km/h, pluie diluvienne) et sans relief naturel pour offrir un abri. Comparées aux îles de la Société ou des Marquises, les Tuamotu étaient, de ce fait, déshéritées et peu d’européens vinrent s’y installer, si bien que les habitants des atolls ont, par rapport à Tahiti, vécu avec un retard important. L’isolement de l’archipel était tel que dans les années 60, le retard s’évaluait à un siècle !
C’est donc dans cet esprit d’aventuriers que nous partons de Papeete, le lundi 15 juin au matin.
Un passage vers la marina de Taïna au sud est nécessaire pour faire le plein de fuel et remplir nos quatre jerricans afin de parer à toute éventualité. Il y a peu de stations d’essence prévues sur notre route, excepté à Rangiroa. Idem pour l’eau douce que l’on remplit à ras de nos 400 litres de cuves, sans oublier tous nos jerricans d’eau.
A partir de là, nous ne pourrons compter que sur les eaux de pluie que l’on récupère et celle que nous fabriquons à partir de l’eau de mer. Et bien sûr le plein de provisions, dans le réfrigérateur et le congélateur et surtout des fruits et légumes achetés au marché de Papeete le dimanche matin car il n’y en a pas aux Tuamotu.
Retrait obligatoire d’argent liquide également, certaines îles ne possédant pas le moindre distributeur de billets.
Mais on n’a pas besoin de beaucoup d’argent ici.
Déjà, Pierre Perret chantait dans « Ma nouvelle adresse », à l’attention de son ami Jacques Brel, en parlant du Franc Pacifique dont le cours est de 0,00838 Francs pour 1 euro :
« Oui mes amis j’ai largué tout Pour l’archipel des Tuamotu Où quel que soit le cours du franc On offre son poisson vivant Pour une poignée de riz blanc.
Mon copain Jacques a mis les bouts Toutes voiles dehors et vent debout Il chante dans les alizés Quelques chansons dont le succès N’aura jamais su le griser. Prenez sa nouvelle adresse Il vit dans le vent sucré Des îles nacrées »
Les vents, favorables les premières heures avec une longue houle au portant, se ligueront au bout de 10 heures contre et face à nous, avec plus de 20 nœuds faisant naître une « houle du vent » courte et hachée, non prévue dans notre routage. Jo&Jo affrontera vaillamment des vagues de près de 3 mètres dans un fracas d’écume pour une navigation très inconfortable. Si le capitaine a tenu la barre sans défaillir, la lieutenant Sylvie a navigué non sous les alizés mais sous les nausées.
Finalement, nous nous dérouterons de notre objectif initial de Tikehau pour une halte sur l’île de Makatea plus au sud. Nous y arrivons un peu avant la tombée de la nuit, après avoir assuré nos 35 heures et appelé le maire de l’île (qui se nomme Julien et non Martine).
Makatea est une île atypique, bordée de falaises et sans aucun lagon. C’est un lieu à découvrir absolument mais notre mouillage en pleine mer devant les falaises et les vestiges de l’ancien port abandonné, solidement ancré sur une bouée à 40 mètres de profondeur et à peine 100 mètres du rivage par une houle bien marquée, ne nous autorise pas à débarquer. On espère que la bouée est solidement arrimée au fond. Nous avons doublé les amarres. Il n’y a pas d’autre choix que d’attendre et se faire chahuter.
Mais au bout d’un jour et deux nuits, nous décidons de reprendre la mer en se promettant d’y repasser au retour.

Nous voici enfin à l’entrée de Tikehau. La houle des derniers jours a rempli le lagon à travers les « hoa », ces petites bandes de corail affleurantes en périphérie de l’île.
La seule passe à l’ouest déverse donc le trop-plein du lagon en continu dans l’océan et crée un courant sortant assez fort qui nécessite vigilance et maîtrise du bateau qui cherche à entrer.
Des hauts-fonds se trouvent de part et d’autre de la passe et la jauge minimale de la passe ne dépasse pas les 3 mètres. Tout se passe bien, et nous mouillons à l’ancre à l’entrée, bien à l’abri.
Nous coupons le contact et nous goûtons à notre premier moment de calme depuis notre départ.
Le lieu est enchanteur mais il se mérite ! Sylvie pourra enfin reprendre des couleurs et remplir petit à petit son tube digestif mis à mal par cette traversée.

Tikehau est un atoll situé à l’ouest de Rangiroa. Il est constitué d'un récif barrière à peu près continu portant de nombreux îlots couverts de végétation et de cocotiers.
En 1987, Jacques-Yves Cousteau réalise l'une de ses grandes expéditions à Tikehau. Il a défini la mer qui entoure cette île comme la plus poissonneuse du monde.
Le lagon de Tikehau ressemble à une immense piscine naturelle de 26 km de large. On y trouve des raies aigle, des bancs de barracudas et de thons, requins marteau, requins gris, tortues, dauphins...
L'atoll abrite également de nombreuses colonies d'oiseaux : fous à pieds rouges, sternes huppées, sternes gris bleu, frégates…

Tikehau n’abrite que 560 habitants et seuls deux couples vivant sur l’île sont des popa’s (des blancs).
Le seul village – Tuherahera - se trouve dans le sud, et s’il n’y a pas de banque ou de station-service, il existe un aérodrome (avec deux rotations d’avion par semaine) et un quai bétonné à proximité du village.
Pas de médecin non plus mais un dispensaire avec une infirmière. Une petite supérette où l’on trouve le strict minimum est ravitaillée chaque mardi matin.
Le village est très propre, accueillant et les habitants très sympathiques.
Ouvrage impressionnant au centre du village qui ne comporte que deux rues, « l’abri de survie de Tikehau », qui permet d’accueillir à l’étage d’un bâtiment en dur les personnes présentes sur l’île en cas de cyclones ou de tsunamis.
Hérésie politique présente ici hélas, ce bâtiment a été financé par le territoire polynésien et de ce fait lui appartient. Les services municipaux ne peuvent pas l’utiliser, de sorte qu’ils sont regroupés dans des bâtiments plus vétustes, à deux pas de ce bâtiment flambant neuf destiné à n’être, peut-être, jamais utilisé.
Le lieu, tout comme Rangiroa, est le paradis des plongeurs du monde entier. On vient aux îles de l’ouest des Tuamotu pour les spots renommés où l’on est sûr de trouver les plus beaux spécimens de la faune marine, comme de nombreuses espèces de raies et de requins, des tortues, des dauphins et des milliers de poissons, dans un fond de coraux non encore touchés par le réchauffement climatique et qui conservent des couleurs merveilleuses.
C’est donc dans ce décor enchanteur que Sylvie suivra les cours lui permettant d’apprendre toutes les techniques de plongée sous-marine et de valider au bout d’une semaine le fameux « niveau 1 » international lui permettant de se présenter partout pour rejoindre une palanquée autorisée à descendre jusqu’à 20 mètres de profondeur.
Les deux premiers cours se sont déroulés au pied de Jo&Jo, encadrés par Loïc et Sébastien.
Après le baptême de plongée de Huahine début mars, c’est enfin le moment du grand bain pour acquérir ce premier niveau d’autonomie. Près de 3 heures de cours particulier. On ne peut rêver mieux comme salle de cours pour une formation on ne peut plus personnalisée…
Un épisode de maraamu, ce vent de sud / sud-est nous cloue 3 jours dans une zone abritée puis, nous profitons du calme revenu et d’un lagon miroir pour revenir dès l’aube vers le village principal pour continuer la formation, profitant d’un superbe lever de soleil sur les cocotiers.

Nous embarquons pour une journée de plongée avec Benjamin et Leslie, un jeune couple de Papeete et leurs deux enfants (avec qui nous dinerons le soir-même dans leur pension face à Jo&Jo) et Stéphane, un enseignant expatrié vivant à Papeete également. Il faut attendre le 15 juillet pour voir arriver les premiers touristes de métropole…


Nous plongeons dans la passe d’entrée du lagon, au bord d’un tombant riche en coraux et poissons.
La vidéo ci-dessous montre un gros baliste qui déplace les coraux avec sa bouche, un poisson napoléon passant au loin et des dizaines de rougets de récifs sous un petit tombant.
De retour sur le bateau, nous avons le plaisir de la visite d’un groupe de dauphins à long nez, qui jouent autour de nous mais qui ne se laissent pas approcher quand nous les rejoignons dans l’eau.
Ces mammifères marins si affectueux réagissent ainsi sans doute à cause de nombreux petits qui effectuent des cabrioles bien protégés au milieu des adultes. Nous verrons dans la plongée qui suit que cette joyeuse compagnie a également attiré sur la zone deux requins gris et un requin tigre que nous verrons passer à 50 mètres de nous.
Le lendemain, pas de plongée au programme mais une balade en annexe dans le lagon pour aller sur un motu en plein cœur de lagon. Nous ferons une simple nage en palmes-masque-tuba dans un spot où vivent des raies manta qui viennent se faire nettoyer par des poissons escorteurs.
Pas de chance cette fois-ci, il faudra se contenter de petits requins de récifs à pointes noires et des oiseaux rassemblés sur l’ilôt où nous avons accosté.
Les petits requins pointes noires sont parfaitement inoffensifs et peureux.
Ils pullulent dans les lagons et se déplacent très souvent en groupe d’une dizaine d’individus.
Une colonie avec de très nombreux petits a élu domicile dans la darse de la marina du village et nous accueille à chaque fois que nous venons accoster l’annexe sur le quai, attirés par le bruit de l’hélice et l’éventuel apport de nourriture d’un bateau de pêcheur.
Au retour du motu, nous trouvons une forte effervescence sur le quai. Un cargo faisant une escale pour livrer l’île deux fois par mois est en train de décharger matériaux, équipements, essence, fruits et légumes. Nous patienterons plus d’une heure pour acheter 4 ananas et un filet de citrons verts…
L’organisation est à l’image de la Polynésie : un joyeux bazar (clin d’œil à Alexia) où la notion même de performance et d’efficacité est à peine un concept abstrait.

Nous retrouvons l’équipe avec Loïc, le patron du club de plongée (en lunettes orange), un Corse venu s’installer ici avec sa famille il y a deux ans et Sébastien (torse nu), directeur de plongée et professeur particulier de Sylvie, un jeune avignonnais venu également s’installer à Tikehau avec son épouse. Debout près de Sébastien, un plongeur d’origine danoise vivant lui aussi sur un voilier à quelques mètres de nous au mouillage.

Sylvie peaufinera la technique, notamment l’échange d’embouts de respiration et le vidage de masque sous l’eau, descendant jusqu’à 19 mètres avec une aisance remarquable. Un apprentissage intensif pour lequel elle n’aura pas coincé la bulle…
Quant au capitaine, il abordera sa soixantième plongée par plus de 30 mètres de fond et croisera, outre un long nez à nez avec une brave tortue débonnaire, le magnifique requin tigre cité plus haut, un bestiau de plus de 3 mètres hélas non filmé en raison de la limitation de profondeur et de pression de la caméra Go-Pro.
Nous attendrons la fin d’un nouvel épisode de maraamu début juillet (dire qu’on a quitté le mistral soufflant de nord pour un vent équivalent soufflant de sud !) pour filer vers Rangiroa, la Mecque de la plongée, plus grande mais plus touristique, mieux achalandée aussi…























Joyeux anniversaire Sylvie
Passez une bonne journée avec Jacky
Profitez de Tahiti est un endroit merveilleux avec de blaux paysages
J’ai vu les vidéos et vous plongez a quel point vous êtes couragegeux.
Recevez les salutations de Carla et Arturo.
Nous leur souhaitons bonne chance
Santé abondate et nombreuses Bénédictions
Joyeux Anniversaire
Con cariño
Emperatriz