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19 – Déconfinement progressif à Huahine

  • Photo du rédacteur: Jo et Jo
    Jo et Jo
  • 15 mai 2020
  • 7 min de lecture

Les îles sous le vent le 20 avril puis les îles du vent le 27 avril sont passés en dispositif allégé de confinement, à savoir une liberté de se déplacer sans attestation dans chaque île, mais sans qu’il soit permis en elles, que ce soit par avion ou par bateau.


Certes, le couvre-feu reste de rigueur jusqu’au 18 mai, de 21h00 à 5h00 du matin, et la vente d’alcool de plus de 16° reste prohibée, mais la ruée vers le supermarché pour s’approvisionner en caisses entières de bière était un spectacle à ne pas manquer le premier jour. C’était une vraie liesse dans le village de Fare, aux accents de libération.


On sent à la fois toute la dépendance de la population à ce breuvage institutionnalisé et incontournable et la force du lobby de la brasserie Hinano (7ème employeur du territoire et 8ème en chiffre d'affaires) qui menaçait de fermer et mettre ses employés en chômage technique. Certaines associations en rajoutaient en prédisant une recrudescence de violences envers les femmes de la part de maris en manque de leur addiction favorite. Le gouvernement polynésien a plié, le risque « Hinano » était plus grand que le risque « Corona » et sans doute plus générateur de mises en bière… La « mort subite » n’est appréciable ici comme ailleurs que fraîche servie dans un verre…

Cette libération nous a permis de reprendre une vie sociale plus intense, tout en se faisant « la bise de loin ».


Le petit groupe de voiliers de la baie a commencé par fêter l’anniversaire d’Anne, du et sur le catamaran Galawa II dès le 20 avril, premier jour du déconfinement partiel.

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Soirée sympathique où deux bouteilles de champagne ont à la fois honoré notre hôte et fêté la "libération".


Nous avons pour l’occasion offert un petit paréo de Huahine (un paréo pour l’apéro mais pas à l’opéra) peint par notre amie Nathalie chez qui nous avons réalisé notre paréo « Jo&Jo ».

Le 22 avril, c’est « Jo&Jo » qui recevait pour une soirée « danses du XIXème siècle ». Pas de danses sur le bateau, rassurez-vous, mais un florilège de photos et de films couvrant la période 2000 – 2019, soit 20 ans de bals en France, Italie, Suisse, Espagne, Autriche, Hongrie ou République Tchèque.


L’ambiance « bateau » veut que chacun apporte un petit quelque chose sur la table, un cake, un gâteau, une bouteille... L’apéritif s’est terminé par des crêpes confectionnées un peu plus tôt par le lieutenant Sylvie dans le carré.

Puis la soirée visionnage a commencé, produisant un effet de surprise et d’admiration pour cette activité de reconstitution de danses historiques insoupçonnée. Le temps a passé très vite et l’élan nous a fait dépasser le couvre-feu de quelques minutes.

Un petit aperçu de notre « vie d’avant »…

C’était notre vie d’avant. Nous avons revendu tous nos costumes avant de partir, au point que quand il a fallu souhaiter l’anniversaire de Jonathan - un des deux « Jo&Jo » - le fils de Jacky qui prend 34 ans le 26 avril, nous n’avions plus rien à nous mettre !

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Le même soir, nous recevions Fabienne et Jean-Christophe, avec service-navette privé aller-retour en annexe depuis la plage jusque sur Jo&Jo.


L’interdiction de vente d’alcool fort (plus de rhum, de whisky ou de pastis) nous orientent maintenant sur la bière ou le breuvage du chanoine Kir, à base d’un muscadet de bonne tenue et d’une liqueur de mangue et de papaye distillée à Huahine.

Après ces libations (mais avec modération) des derniers jours, il faut penser à retrouver la ligne. En fait, ne pas reprendre les kilos perdus quelque part et qu’on n’a pas réclamés...


Une séance de cardio-abdos fessiers-stretching est organisée chez Fabienne. Avec cette chaleur et cette moiteur, c’est de la folie mais on y va quand même.

Sous l’impulsion de Nadine, une énergique animatrice, c’est deux heures de chorégraphies en musique, de musculation et d’étirements. Une équipe bien sympathique appelée à se revoir chaque semaine.

Le mardi suivant, le groupe passera à 9 personnes, ce qui fera dire que Jacky a enfin trouvé « une connexion huit filles ». La semaine suivante, il s’étoffera encore pour passer à 11…

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Un extrait de vidéo ci-dessous montre qu’en matière de danse, on mouille le maillot !

La liberté de circuler au sein de l’île étant effective, nous sommes partis dans l’annexe de Philippe et Anne pour faire du snorkeling au bord des récifs.

C’est ici que la mer se brise en rouleaux incessants. Ce brassage de vie offre une zone préservée de la minime pollution des îles et du réchauffement climatique. Nous avons le spectacle de coraux magnifiques dont les photos n’arrivent pas hélas à rendre l’effet.

Le 30 avril, c’est au tour de Pierre-Charles et Cathy de venir diner chez nous. Leur projet de construction au bord de la baie, devant leur bateau a repris et ils prévoient les premières fondations dans les deux semaines à venir. Ils arrivent en annexe avant la tombée de la nuit pour profiter du soleil couchant sur la partie avant de Jo&Jo.


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Ils nous ont apporté, outre un gâteau à la banane, une noix de coco germée.


Un grand germe sort de la noix de coco et traverse la bourre pour développer une tige qui donnera ainsi vie à un nouveau cocotier. Ce germe sortant d’un des trois trous de la noix intérieure donne l’impression d’un personnage qui tire la langue. Cathy nous en fait la démonstration…


Lors de cette germination, l’intérieur de la noix se transforme, l’eau de coco disparait, la chair blanche change de consistance et se transforme en beurre de coco.


Cela donne une matière spongieuse, fermentée, crémeuse et sucrée de couleur jaune.


C’est considéré comme un mets délicat en Polynésie. .


A déguster à la petite cuillère, c’est délicieux…


Le 2 mai, une sortie à terre nous a procuré un peu d'exercice en longeant la baie d’Avea. Avec un peu de vent et quelques nuages, c’était supportable avec chapeau de paille et lunettes. Nous nous sommes bien acclimatés à cette chaleur permanente chargée d’humidité qui nous met en nage au moindre effort.


Nos pas nous ont menés sur un petit belvédère fleuri en bord de lagon, bien entretenu, avec une vue sur notre bateau au loin. Nous nous arrêtons par trois fois au retour saluer nos connaissances. Nous nous sentons chez nous ici…

Le mercredi, jour rituel des courses au supermarché de la ville de Fare, Sylvie va faire ses emplettes pour la semaine. La ville s’est remise à vivre normalement, les roulottes ont ouvert leurs étals et proposent à nouveau les petits repas rapides très prisés des polynésiens. Les marchands de fruits et légumes et de poissons ont repris leur place le long de la rue et chacun s’interpelle joyeusement.


Le confinement ne subsiste que pour le couvre-feu et l’interdiction de réunion de plus de 10 personnes. Mais un avocat zélé ayant saisi le tribunal de Papeete en référé a obtenu satisfaction, effaçant le couvre-feu et portant à 100 le nombre maximal de personnes présentes à une réunion. Le président de Polynésie et le Haut-Commissaire de la république française, ainsi que de nombreux maires n’ont pu que s’incliner face à cette décision de justice, tout en déplorant qu’elle puisse engendrer des désordres sur la voie publique.


Il ne reste finalement pour l’instant que l’interdiction de se déplacer d’île en île (par bateau ou avion) et des mesures de quatorzaine pour tout nouvel entrant sur le territoire. Cette mesure s’appliquera jusqu’à la date de déconfinement total prévue à ce jour pour fin juillet.


Et nous voici au 7 mai, date initiale de notre retour en métropole !


Tout était calé sur cette date et il faut repousser. C’est déjà fait pour les billets d’avion, reportés à fin août, mais il faut aussi régler la couverture sociale en prolongeant la date de la prise en charge de la convention entre l’Assurance Maladie de métropole et la CPS (Caisse de Prévoyance Sociale) de Polynésie.


Fabienne et Jean-Christophe nous prêtent leur pick-up Ranger pour une partie de la journée et nous voilà traversant l’île de Huahine pour effectuer nos démarches administratives. Ici, beaucoup de véhicules sont des 4x4 avec une majorité de pick-up, véritables engins à tout faire pour transporter sur tous les chemins passagers et marchandises.

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Nous profitons du déplacement pour aller à la Poste chercher des recharges téléphoniques.


Comme en France, elle arbore les couleurs jaunes et bleues et le bâtiment rappelle les constructions coloniales avec leurs pylônes et leurs frises en bordure de toit.


En Polynésie, le facteur ne fait pas de porte à porte pour distribuer le courrier.


Chaque habitant possède une boite postale et ce sont des centaines de petites portes métalliques qui abritent le précieux courrier mis à disposition.


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Avec le confinement et l’arrêt des transports aériens (seulement trois rotations de continuité territoriale opérées depuis le 20 mars, pour acheminer le matériel médical et les derniers touristes), il est fort à parier que les lettres et les colis circulent mal vers et depuis la métropole…


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Le passage à la CPS sera assez rapide et la préposée, munie d’un masque, nous expliquera en détail les formalités à remplir pour repousser notre couverture médicale.


Titulaires d’un compte maladie en Polynésie et d’un code Tatoo qui remplace notre carte Vitale, nous avons ainsi l’assurance d’une prise en charge immédiate et de la régularisation ultérieure par la CPAM en France.


Nous constatons avec plaisir que le bar-restaurant du Yatch Club vient d’ouvrir depuis 3 jours. L’occasion est trop belle pour ne pas venir s’y assoir et déguster un cocktail sous les palmiers. De plus, la date coïncidant avec notre anniversaire de mariage, nous poursuivons avec un délicieux repas à base de poulpe et de lait de coco.

Le 8 mai au matin, nous apprenons que nous sommes invités le soir même à diner chez Coro et Vaiana, les voisins polynésiens de Fabienne et Jean-Christophe. Nous délaissons Jo&Jo pour la soirée, mettant des tenues longues mais légères pour parer à toute attaque de moustiques et de nonos. Nous avons le privilège, en vivant sur un bateau assez éloigné du rivage, de ne pas être dérangés par ces bestioles sanguinivores.

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Une photo avant de nous rendre au rendez-vous, devant un magnifique coucher de soleil derrière les cocotiers. Les tenues blanches étaient de sortie…

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Très sympathique soirée et grand honneur pour nous d’entrer dans la demeure d’un authentique couple de polynésiens et d’y être invités à déguster quelques spécialités locales en toute simplicité.

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Coro est un bricoleur-né qui a tout fait chez lui, même son bateau. C’est un ancien pêcheur professionnel. Rendez-vous est pris pour une journée de pêche en mer à la recherche de thons, mahi-mahi et autres marlins ou espadons…

Nous sommes repartis avec un pamplemousse ramassé sur leur terrain. Une petite image vaut mieux qu’un long discours pour qualifier l'incroyable richesse de la nature !

Cette séquence de déconfinement en Polynésie s’achève avec de très bonnes nouvelles sur le front de l’épidémie. Le Fenua (pays) aura été très peu touché.

Il ne reste, au 14 mai, qu'un seul cas en observation et aucun décès n’aura été à déplorer sur toute la période.


La Polynésie revit et les premiers bateaux sont autorisés à circuler à nouveau depuis le 13 mai.

Seules subsistent à ce jour les mesures de quatorzaine pour entrer et sortir du pays et les limitations de rassemblements à 100 personnes maximum.

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