13 - Tahaa et Raiatea
- Jo et Jo

- 15 mars 2020
- 8 min de lecture
Nous arrivons le 4 mars à Tahaa, au fond de la baie d’Haamene, la plus longue baie de Polynésie avec plus de 5 kilomètres de long, pour un mouillage en face du restaurant Tahaa Maitai, de solide réputation culinaire et connue pour abriter une collection de rhums et de whiskies sans pareille en Polynésie.
Nous rencontrons Bruno le patron, qui nous apprend que son restaurant sera fermé le lendemain car c’est un jour férié.
Nous profitons de ce 5 mars pour louer une voiture et faire le tour de l’île que nous avions découverte début janvier avec Christiane et Jean-Louis, après le baptême de Jo&Jo. Un appel au loueur qui se trouve au bout de la baie et le voilà qui vient nous livrer la voiture avec le sourire. Marc, un grand gaillard de près de 2 mètres, a développé son business de location de voitures et de jetskis en parallèle de l’activité familiale de l’hôtel-restaurant Hibiscus. Le lieu est coloré de dizaines de drapeaux de tous les pays et parmi les photos, nous voyons un Sébastien Chabal tout petit aux côtés d’un jeune homme encore plus grand que lui. C’est le frère de Marc, qui mesure 2m10 et qui a joué dans le sud de la France dans de nombreux clubs de rugby professionnels.

Les premières visites de notre journée ont été pour les églises car ça chante partout en ce matin de jour de fête nationale.
En effet, depuis 1978, le 5 mars est devenu un jour férié pour célébrer « l’arrivée de l’évangile » en Polynésie - en fait l’ancrage à Tahiti du premier bateau des missionnaires anglais, le Duff, le 5 mars 1797 - à l’origine des premières conversions des autochtones au protestantisme.
Les Polynésiens sont très pratiquants. On trouve des protestants (40 % des polynésiens), des catholiques (30 % dont plus d’un tiers déclare ne jamais pratiquer), mais aussi des adventistes du 7èmejour, des mormons et plus récemment des Témoins de Jéhovah et des Pentecôtistes. Les églises jouent un rôle très important dans la vie locale, aussi bien politique que sociale. Il n’est pas rare de trouver 3 ou 4 édifices religieux dans de tous petits villages.

Après avoir visité un lieu où se tenait un office protestant, nous sommes allés dans une petite église catholique où nous avons été invités à entrer, nous trouvant les seuls popaa’s au sein de ce culte en tahitien.
Si nous n’avons pas compris les interventions de plusieurs fidèles devant le tableau noir, nous avons été envoûtés par les musiques et les chants. Pas moins de 7 guitares et 3 yukulélés (dont un joué par le curé lui-même) associés aux chants polyphoniques, nous ont enchantés.
Nous vous en faisons partager un court extrait, pris du fond de l’église (à écouter plus que regarder).
Nous voici repartis pour le tour de l’île au volant de notre Peugeot 108, heureusement climatisée mais un peu poussive dans les abruptes montées vers les belvédères.

Sur la côte est, nous pouvons apercevoir l’île de Bora-Bora toute proche, avec la silhouette caractéristique du mont Otemanu qui culmine à 727 mètres.
Elle parait très proche, et si à vol d’oiseau elle n’est distante que d’une vingtaine de kilomètres, elle n’est accessible en bateau que par une seule passe située sur le côté opposé.
Cela doublera la distance et devrait demander entre 4 et 5 heures de navigation du point de mouillage de Tahaa à celui de Bora-Bora.
Nous nous arrêtons acheter un peu de rhum dans la petite distillerie Mana’o que nous avions visité en janvier. En ce jour férié, il y a que le patron, Olivier, et ses deux employés qui sont venus travailler malgré tout ce matin de jour férié.
Il est en principe interdit de vendre de l’alcool ce jour-là mais Olivier nous a reconnu et il passera une heure avec nous à discuter de rhums, de whiskies et de vins, expliquant notamment les conditions de transport et de stockage des vins venant de France. Ils voyagent par bateau et subissent de graves altérations irréversibles pendant la traversée ou l’entreposage sur les quais surchauffés de Papeete. Les vins de qualité sont placés dans des containers isolés, en milieu de cale, sont tracés pendant leur périple en termes de température et d’hydrométrie et sont pré-dédouanés depuis le bateau pour réduire le temps des démarches administratives à l’arrivée au port.
Nous en tirerons de précieux conseils et de bonnes adresses, car nous avons été particulièrement déçus par le vin proposé ici.
Voyant qu’il avait à faire à des connaisseurs de bons rhums et des épicuriens, nous avons eu le plaisir de partager avec lui ses « pépites » qu’il garde dans sa cave personnelle. Les bouteilles étaient pleines de poussière, c’est dire le privilège !
Sachant qu’on appréciait son rhum Mana’o titrant 50°, avec un bouquet très riche, il nous a fait goûter un rhum artisanal réunionnais très parfumé de 45° du domaine « la part des anges » et surtout le rhum Neisson de Martinique de 70°, au fruité incomparable, étonnant pour un si fort degré d’alcool. Nous avons bien sûr consommé avec passion et modération…
Nos pas nous ont ensuite conduits vers une ferme perlière bâtie sur des pontons.
Les magasins « pièges à touristes » étaient fermés mais le lieu n’en était que plus reposant en ce début d’après-midi. Les outils pour le greffage des perles étaient déjà prêts pour la première visite du lendemain.

Petite halte pour repérage à la vallée de la vanille, qui cultive cette liane de façon authentique en pleine nature, et non sous des serres comme on en voit le bord des routes.
N’ayant pas d’insectes ou d’oiseaux pollinisateurs dans l’île, ce sont les fermiers qui doivent recueillir les étamines et les fertiliser sur d’autres plants, opération fastidieuse qu’ils appellent « le mariage », sinon pas de gousse de vanille. Les oiseaux peuvent par contre abîmer les gousses, d’où la tentation de facilité et de productivité de cultiver la liane de vanille dans des serres.
Venus en simples curieux, on nous offrira un grand verre de jus de fruits, de la banane et de la noix de coco, sans même avoir effectué d’achat de vanille, de monoï ou de paréos. On ne se lasse pas de cette généreuse hospitalité.

Le lendemain est consacré à la visite de Raiatea, l’ile voisine qui partage le même lagon, en prenant une navette faisant un aller-retour par jour. Le ponton d’embarquement est juste devant le restaurant de Bruno avec qui nous discutons un moment et où nous avons réservé une table pour le soir-même. La navette démarre à l’heure, passant de Jo&Jo, que nous saluons au passage.

La ville d’Uturoa est animée par le marché. Toute une zone au sud de la ville est décorée de fresques gigantesques sur les murs, à l’instar de Papeete. Nous consacrerons un article de blog spécifique sur cette tradition somme toute assez récente du « street art ».
Nous trouvons des « trucks » pittoresques pour faire quelques photos. Ces camions aménagés en bus, au confort sommaire et aux banquettes parallèles à la route sont une signature de la Polynésie, hélas relégués pour cause de modernisme et ne servant plus que pour le transport scolaire.
Autre spécificité de Raiatea, une fleur de tiare à 5 pétales en voie de disparition et endémique à cette île (Tiare Apetahi). En fait, fleur de Tiare est un pléonasme car tiare veut dire fleur en tahitien. Très fragile, ne poussant que sur les pentes du mont Temehani, elle est aujourd’hui protégée et est devenue l’emblème de l’île. Outre sa rareté, sa disposition de 5 pétales en demi-corolle figure les 5 archipels de Polynésie.

Uturoa est une ville bien plus petite et moins achalandée que Papeete mais c’est la seconde en taille de la Polynésie. Ici tout est concentré à Tahiti. 87 % des polynésiens vivent dans l’archipel de la Société (îles du vent et sous le vent) et 65 % sur la seule île de Tahiti. Les Marquises n’abritent que 3,5 %, les Tuamotu-Gambier 6,5 % et les Australes 3 % de la population.
Il y a quelques boutiques et nous avons pu trouver une nouvelle Go-Pro pour poursuivre le reportage de nos plongées.
Dans une autre boutique, nous faisons la connaissance de Flora, une truculente polynésienne qui vend des produits locaux. Sylvie y achètera un sac et un chapeau de paille à larges bords doublé de tissu fleuri.
Profitant de la présence d’une cliente dans la boutique, nous lui demandons son avis sur quel chapeau choisir. Le dialogue s’installe, Flora intervient et finit par nous conseiller un bon restaurant à Tahaa en nous présentant la dame comme la patronne de ce restaurant. Il s’agit en fait de Marie, la femme de Bruno, que nous avions vu le matin même. Rencontre improbable, au même endroit et à la même heure… Le monde est décidément tout petit, même à l’autre bout de la planète…
Le soir venu, nous allons donc chez Bruno et Marie. Marie est de père français et de mère polynésienne. Leur restaurant s’appelle « Tahaa Maitai », subtil jeu de mots rappelant l’expression « Tama’a maitai » qui veut dire « bon appétit ». Nous sommes arrivés les premiers et le restaurant s’est rempli peu à peu.
Outre le repas, délicieux, accompagné de bons vins, le lieu est réputé pour sa collection unique de whiskies et de rhums, qui s’enrichit en permanence. Certains guides un peu anciens annoncent 50 références, d’autres 150, mais c’est fait 180 bouteilles que possède Bruno.
Après un pavé de bœuf flambé au Talisker et une crème brûlée à la vanille locale, nous sommes allés discuter avec Marie, revenue au restaurant pour nous voir et corriger des copies.
Elle est institutrice spécialisée dans l’accompagnement des enfants de primaire en difficulté.
Elle nous a beaucoup parlé de la culture polynésienne et de la différence d’approche de points de vue et d’incompréhensions entre les locaux et les implantés de la métropole, ainsi que des ravages de l’internet dans la transmission des coutumes et le sens des valeurs.
Dans une ou deux générations, le paradis n’en sera peut-être plus un…

Bruno après son service derrière les fourneaux, est venu nous rejoindre et nous avons fini la soirée ensemble.
Pour la dégustation de whisky, il a conseillé son coup de cœur du moment, un Single Malt Laphroaig de triple maturation vieilli en fûts de Xérès Pedro Ximenez, titrant 48°, au profond parfum de tourbe et d’iode.
Un pur délice… et comme nous nous nous trouvions parmi eux le jour même des 17 ans d’ouverture de leur restaurant, Marie a offert à Sylvie un verre de vieux rhum.
Nous y reviendrons lors d’un de nos prochains passages à Tahaa.


Le lendemain, après un magnifique lever de soleil depuis le fond de la baie, nous avons repris notre route.
Nous avons contourné Tahaa pour un mouillage de rêve au bord d’un motu (petite île en bordure de lagon) par 60 cm d’eau bleue transparente sur lit de sable sous le bateau. Avec Bora-Bora en toile de fond, avec de multiples ilots paradisiaques à proximité, nous sommes finalement restés deux jours et deux nuits.
Une raie est venue nous saluer et chercher un peu d’ombre sous la coque de Jo&Jo.
Cet endroit est connu pour abriter une « rivière de corail » peu profonde mais avec un courant assez fort, qui abrite une faune et une flore extraordinaires. Impossible d’y naviguer en bateau. Il faut juste mettre l’ancre-grapin de l’annexe dans quelques centimètres d’eau.
Il suffit alors de marcher jusqu’au bout de la rivière entre deux motus, entrer dans l’eau et se laisser porter en snorkeling pour une plongée dérivante inoubliable.
Sylvie est maintenant très à l’aise en palmes-masque-tuba…
Nous avons refait le parcours quatre fois. La troisième nous a plongé dans un bain de plusieurs centaines de « chirurgiens bagnards » qui a permis d’étrenner la nouvelle Go-Pro.
Le lundi 9 mars, nous quittons Tahaa pour nous rendre à Bora-Bora, après avoir préparé minutieusement la navigation. Mer calme sans houle, peu de vent et aucune pluie annoncée sur le trajet.
Moteur babord et moteur tribord en marche, logiciel de navigation sous tension, nous larguons les amarres…
Jo&Jo est sous pilote automatique. Bora-Bora s’offre à nous. Nous mettrons 4 heures pour la rejoindre…



















































Belles photos et vidéos
Toutes nos félicitations profiter du bel endroit
Beaucoup de salutations de Arturo et Carla
Bravo encore. C est convivial documenté agréable a lire. J adore continuer le voyage avec vous. Bises Myriam