11 - Huanine – deuxième partie
- Jo et Jo

- 24 févr. 2020
- 7 min de lecture
Nous sommes restés au sud de l’ile, dans une baie bien abritée, face au Relais Mahana, endroit stratégique pour profiter de la connexion internet, faire laver le linge à la laverie de l’hôtel, utiliser des facilités de location de véhicules et déguster de délicieux cocktails tropicaux lors des « happy hours » au crépuscule en bord de lagon.
Nous avons loué un scooter pour faire le tour de l’ile et découvrir des points d’intérêt que nous ne connaissions pas encore. C’est le moyen idéal pour se balader sous ce climat.

Au nord de Fare, dans une maison particulière sur la route de l’aéroport, se trouve l’un des deux seuls musées du coquillage de Polynésie. Etonnant quand on sait la prépondérance de ce mollusque dans les iles et la superficie du pays qui est grand comme l’Europe entière.
C’est en fait une collection privée que Franck - venu de France il y a 38 ans - a accumulé au point de constituer plus de 500 pièces dans une partie de sa maison, divisée en musée et boutique de bijoux de nacre, de perles et de souvenirs.
Plus d’une heure passée avec ce personnage intarissable sur sa passion, qui nous a appris des dizaines de détails sur ce petit animal à priori commun et sans histoires mais qui recèle des trésors d’ingéniosité, d’évolution et de diversité. Son musée s’appelle d’ailleurs Motu Trésor. En plus, il n’y a pas ici la pression commerciale des fermes perlières. Une parfaite connaissance du sujet et un solide humour, liés à la faconde du maître des lieux rend la visite trop courte malgré nos innombrables questions.

Le plus étonnant concerne la famille des «conus geographus» (ou cônes géographes). Il s’agit d’un coquillage venimeux extrêmement dangereux, son venin peut tuer un homme en deux heures et il n'existe aucun anti-venin. Lorsque le cône géographe attaque, il libère un cocktail venimeux 30 fois plus virulent que celui du cobra (neurotoxine qui provoque une paralysie des muscles, en particulier les muscles respiratoires).

Il attend, immobile, qu'un poisson s'approche. Il éjecte alors par son siphon un dard enduit de venin qui paralyse la victime et la tue rapidement. La bonne nouvelle est qu’il n’est pas agressif (il faut être à moins d’un centimètre pour qu’il se défende), qu’il est très lent et qu’il vit dans le sable. La seule consigne est donc de ne jamais ramasser de coquillage vivant et encore moins le mettre dans sa poche ou dans son maillot.
Une fois passée la phase où il s’est protégé en se recroquevillant dans sa coquille, il ressort et peut utiliser son dard pour se libérer… Nous voilà prévenus… On ne ramassera que des coquillages morts au bord de la plage.
Autre singularité de Franck, il est passionné de cyclones et les attend en vain depuis 15 ans. Mais cette inclinaison est bien sûr motivée par sa passion des coquillages. De la même façon que les grandes marées en atlantique découvrent des zones éloignées de la plage pour faire le bonheur des pêcheurs à pied, les cyclones génèrent un bouleversement des fonds marins et apportent sur les plages des milliers de coquillages, souvent rares et très gros.
La moitié de la collection de Franck date d’une trentaine d’années, lors d’un cyclone aux iles Tuamotu. Pour mémoire, le dernier cyclone en Polynésie date de 2010. Il venait d’Australie et a dévié vers le sud dans l’archipel des Australes, épargnant les iles sous le vent (Huahine et Bora-Bora) et les iles du vent (Tahiti), malgré tout touchées par des vents violents.
Les cyclones, quand il y en a, ne se produisent que pendant la saison « humide » ou été austral qui va de début décembre à fin mars. Rien à voir avec ceux qui touchent régulièrement les Antilles et depuis peu la France…
Hormis les coquillages aux caractéristiques particulières, nous avons pu observer des spécimens aux noms plus communs mais aux proportions XXL : une moule géante (devenue de plus en plus rare dans les fonds sableux de Polynésie) dont on peut deviner la taille des gamelles pour la cuisiner et surtout celle des frites pour l’accompagnement et une huître dont l’âge est estimé à 60 ans…
Le coquillage préféré de Franck, pour sa taille et sa composition, est un de la famille des « Cypraea Mappa », nom qui fut donné par les premiers navigateurs pour la similitude de son dessin avec les cartes de l’époque.

Forts de ces émotions, nous avons ensuite déjeuné au Yatch Club, avec un superbe thazard grillé (grand poisson de mer de la famille des thons et des maquereaux) et un poulpe au lait de coco et curry. Un délice !
Nous repassons par la boutique de Maeva (la dame issue d’une royale famille marquisienne), à qui on achète un flacon de Monoï pour le soin de la peau, de l’huile de coco pour la cuisine et un magnifique chapeau de paille pour les sorties en ville du capitaine…
Une visite à la distillerie des fruits de Huahine, pour une dégustation de multiples élixirs (avec modération) et nous reprenons notre scooter pour boucler la journée.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à « La passion du Paréo » où Nathalie nous accueille chaleureusement pour nous expliquer la technique de peinture sur toile et des conseils de fixation des couleurs et d’entretien.
Elle nous faire peindre une partie de son paréo épinglé sur son métier.
Nous reviendrons bientôt pour y dessiner et peindre le nôtre aux couleurs de « Jo&Jo »…
Le monde est tout petit, surtout sur certaines iles…
Sachant que nous allions séjourner quelque temps à la baie d’Avéa, Myriam (l’ancienne propriétaire de notre bateau avec qui nous gardons le contact) nous a écrit que son cousin, Pierre-Charles et son épouse Cathy venaient de s’installer à Huahine depuis fin janvier pour y construire leur maison et qu’ils vivraient sur un bateau le temps de l’édifier. Seul point de contact : le prénom de Fabienne, qui possède un terrain à côté du leur.
Via l’hôtesse du Relais Mahana qui connait tout le monde, nous nous sommes mis en quête de Fabienne et nous avons tout d’abord trouvé Jean-Christophe, son mari, en train de surveiller le chantier de sa propre maison, une superbe maison blanche ouverte sur le lagon, qu’il nous a fait visiter. Le courant est passé de suite, mais pas de trace des cousins, non encore arrivés sur place (ils apprenaient la navigation à Raiatea pour pouvoir vivre sans problèmes sur leur voilier).
Ce n’est qu’en profitant du scooter que nous sommes revenus et que nous avons pu faire leur connaissance, profitant de l’occasion pour les inviter à prendre l’apéritif le surlendemain.
Puis nous avons rencontré Fabienne et son mari, en visite de chantier.
Venant de s’initier à la danse tahitienne et apprenant que nous étions nous-mêmes danseurs, il n’en a pas fallu plus pour qu’on les accompagne dans un cours donné par Lise, une femme très sympathique qui enseigne également la danse aux enfants et les prépare pour animer les fêtes locales.
Le monde étant petit, comme nous l’avons dit plus haut, nous sommes retournés sans le savoir au Motu Trésor, Lise étant la femme de Franck, le passionné de coquillages rencontré la veille…
Comme toute séance de danse, cela commence par des étirements au sol, avec en prime l’apprentissage de la langue tahitienne (nous savons désormais compter jusqu’à 20) et quelques pas de base.
C’est beaucoup plus difficile que l’on croit, car on doit rester fléchis sur les cuisses en permanence et il s’agit de faire bouger le bassin sans que les autres parties du corps (buste, jambes) ne soient en mouvement. Sylvie a très vite pris le tempo et reçu les félicitations de Lise pour une première séance sur sa terrasse (vidéo à l’appui).
Serviettes et bouteilles d’eau étaient de rigueur car il fait déjà très chaud à 9h30 du matin !
Retour dans le pick-up de Jean-Christophe et Fabienne qui nous invitent à diner chez eux le samedi soir.
Le soir-même, nous recevons Pierre-Charles et Cathy, nos voisins de mouillage dans la baie…
Eux aussi, ils ont osé quitter la métropole et leur emploi (ils travaillent dans la danse contemporaine et la culture en général) à Toulouse pour venir vivre autre chose et autrement.
Pierre-Charles avait vécu jusqu’à l’âge de 15 ans en Polynésie et c’est donc pour lui un retour aux sources. Ils connaissent bien notre bateau pour y avoir passé 15 jours, aux Tuamotu, avec Myriam et Alain, à l’époque où il s’appelait encore Alaïa.
Une très belle soirée à discuter pendant 4 heures, avec la promesse de se revoir lors d’un de nos prochains passages dans ce lieu paradisiaque.

Le lendemain soir, invités par Jean-Christophe et Fabienne, nous prenons l’annexe, la lampe frontale pour le retour et le sac étanche pour les affaires. Nous sommes accueillis dans une maison typiquement polynésienne, simple et fonctionnelle, avec une grande terrasse. Le repas sera également polynésien avec un thazard cru accompagné de riz, de brocolis, de guacamole et de sauce à base de soja, moutarde, citron, miel et huile… et un délicieux ananas pour dessert.
Ils comptent habiter leur maison en bord de lagon dès le mois prochain. Venant de Montpellier et ayant fait plusieurs repérages en Polynésie avant de décider de s’implanter ici pour leur retraite, ils nous ont fourni de nombreux renseignements sur la vie sur l’ile de Huahine, les bons tuyaux pour trouver des poissons, des fruits, des endroits à visiter hors des sentiers battus.
Nous passons une très agréable soirée, ponctuée par une photo sur laquelle nous faisons le salut polynésien, pouce et auriculaire en l’air… Le « shaka » est très populaire en Polynésie. C’est un signe de reconnaissance et de bienveillance face à la personne que l’on salue et une manière de lui dire que tout va bien.

Le dimanche midi, il est une institution dans le sud de l’ile : le four polynésien chez Tara, un petit restaurant-paillote typique près du relais Mahana.
Dès 6 heures du matin, le four est allumé, enfoui dans le sable (en fait dans un foyer de métal).
Une fois les pierres chauffées à blanc, divers mets de poissons, de viandes, de fruits et de légumes sont enveloppés dans des feuilles de bananier et cuits à l’étouffée. Il faut arriver à 11h00 pour assister à l’ouverture du four et le dressage des plats.
Le lieu, en bord de lagon, offre une vue sur la barrière de corail et notre Jo&Jo qui est à deux minutes de canot.
Le repas se compose de 18 plats en buffet. Nous avons particulièrement apprécié le bénitier (gros coquillage) en sauce de lait de coco et de curry, le poisson cru fermenté, le uru (fruit de l’arbre à pain) et les bananes cuites avec du manioc et du lait de coco.
Au final, malgré un prix plus que correct, nous sommes un peu déçus, sans doute par le côté « restaurant » qui tranche de nos dernières expériences plus authentiques, mais cela reste le rendez-vous incontournable de la table du dimanche.
Nous sommes décidément très bien dans cette île où nous avons noué de nombreux contacts, à réactiver lors de nos prochains passages. Encore une semaine ici avant d’aller sur Tahaa et Bora-Bora.
D’ici là, un baptême de plongée pour Sylvie et une plongée de réadaptation pour Jacky (malgré 60 plongées bouteille au compteur, la dernière remonte à 8 ans…). Expérience à suivre dans notre prochain post…
Nana ! Te aroha ia rahi ! (Au revoir et bien des choses à vous).











































Bravo les amis pour tout.bises. Myriam et Alain.